
2015 a été une année record pour les investissements dans les énergies renouvelables, conclut une nouvelle étude. Et pour la première fois, les pays en développement ont investi davantage que les pays riches dans ce secteur.
Année record pour les énergies renouvelables. Il y a eu 285,9 milliards de dollars investis dans ce secteur en 2015 contre 273 milliards en 2014, d’après l’état des lieux annuel publié par le réseau international de réflexion sur les énergies renouvelables REN21, mercredi 1er juin.
Parmi les bons élèves on trouve la Chine, l’Inde ou encore le Brésil et même la Mauritanie. Point commun entre ces États : ils sont tous des pays en voie de développement (PVD).
“Pour la première fois dans l’histoire, les pays en développement ont investi davantage que les pays industrialisés dans les énergies renouvelables en 2015”, constatent les auteurs du rapport. Ils ont dépensé 155,9 milliards de dollars pour développer ces énergies propres, contre 130 milliards de dollars pour les États dits “riches”.
Les investissements européens en net recul
La Chine, traditionnellement dépeinte comme un vilain petit canard écologique et qui reste le premier pollueur au monde, est devenue le premier investisseur dans les énergies renouvelables et totalise 36 % des fonds dépensés dans ce secteur. L’Inde, qui a dépassé les 10 milliards de dollars, investit essentiellement dans le développement de la filière solaire et éolienne. Une mention spéciale est attribuée à la Mauritanie. Ce petit pays africain de 3,89 millions d’habitants est celui qui, au monde, alloue la plus importante part de son PIB aux énergies renouvelables.
À côté des bons élèves, il y a l’Europe. Les investissements dans ce domaine y ont reculé de 21 % en un an, regrettent les auteurs du rapport. Le Vieux Continent n’était jamais tombé aussi bas depuis 2006. Une performance d’autant plus mauvaise que les États-Unis ont, quant à eux, réussi à augmenter leurs engagements financiers de 19 % sur la même période.
“En Europe les politiques en matière d’énergies renouvelables évoluent et cette incertitude déplaît aux investisseurs, explique Hannah E. Murdock, analyste au REN21 qui a participé à l’élaboration du rapport, contactée par France 24. Par ailleurs, il existe un problème structurel : le réseau européen d’énergie est très centralisé, ce qui complique les efforts de transition vers des installations plus décentralisées comme les panneaux solaires.”
La France illustre bien le cas européen : les incertitudes quant à la politique énergétique ralentissent les investissements, assure l’experte du REN21. À cela s’ajoute une spécificité tricolore : le nucléaire. “Les investissements dans les énergies fossiles et le nucléaire continuent trop souvent à être favorisés au détriment des renouvelables”, regrette-t-elle. Hannah E. Murdock note, cependant, que l’Hexagone fait partie du peloton de tête européen pour le développement du photovoltaïque (énergie solaire).
Subventions aux énergies fossiles
La France est, à ce titre, dans la tendance générale puisque l’énergie solaire est l’une des deux sources renouvelables – avec l’éolien – dont la croissance a été la plus forte en 2015. “Les progrès technologiques et les économies d’échelle [déploiement sur des grandes surfaces, NDLR] permettent au solaire d’offrir à bas prix de l’électricité qui est devenue compétitive avec les énergies fossiles”, assure Hannah E. Murdock.
En 2015, il était possible d’obtenir de l’électricité issue d’installations photovoltaïques pour 0,08 dollars/kWh (par kilowatt-heure) contre des prix entre 0,045 dollar/kWh et 0,14 dollar/kWh pour les centrales plus polluantes comme celles au charbon. L’éolien est encore moins cher puisque les “projets d’éolien terrestre permettent d’avoir de l’électricité pour un prix compris entre 0,04 dollar/kWh et 0,09 dollar/kWh”, constate Hannah E. Murdock.
Malgré cette baisse des prix et l’engouement pour les renouvelables, force est de constater que les énergies fossiles dominent encore largement le marché. Gaz, charbon et pétrole représentent 78,3 % de la consommation mondiale d’énergie. “Il reste encore beaucoup à faire”, estime Christine Lins, cadre dirigeante de REN21. Les secteurs où les énergies renouvelables font encore figure de très petits poucets sont le transport, le chauffage et les systèmes de refroidissement.
Aux yeux des auteurs du rapport, les subventions publiques sont le principal obstacle à une adoption plus rapide des énergies propres en dehors de l’électricité. Les États ont en effet accordé 490 milliards de dollars d’aides aux énergies fossiles contre 135 milliards de dollars pour les renouvelables. Des subventions pas très Cop21-compatibles.