À six mois de son départ de la Maison Blanche, Barack Obama a de nouveau appelé à un monde sans arme nucléaire, vendredi à Hiroshima, ville dévastée le 6 août 1945 par la première bombe atomique de l'Histoire.
Le président américain, Barack Obama, a rendu un hommage emprunt d'émotion, vendredi 27 mai, aux victimes de la première attaque nucléaire de l'Histoire, lors d'une visite historique à Hiroshima, serrant la main et prenant dans ses bras des survivants de la bombe atomique. Le chef de la Maison Blanche a saisi l'occasion de la première visite d'un président des États-Unis en exercice dans cette ville anéantie le 6 août 1945 par une bombe nucléaire américaine pour appeler de nouveau, comme en 2009, à "un monde sans arme" nucléaire.
"Il y a 71 ans, la mort est tombée du ciel", a déclaré Barack Obama devant le mémorial aux victimes de la bombe larguée par les États-Unis sur la ville le 6 août 1945 à 8 h 15. Ce jour-là, le monde "a changé pour toujours", cette bombe a "démontré que l'humanité avait les moyens de se détruire elle-même".
"Pourquoi sommes-nous venus ici, à Hiroshima ? Nous sommes venus réfléchir à cette force terrible libérée dans un passé pas si lointain. Nous sommes venus pour rendre hommage aux morts", a-t-il ajouté. "Leurs âmes nous parlent, elles nous demandent de regarder au fond de nous-mêmes", a-t-il déclaré.
"Nous avons la responsabilité de regarder l'histoire dans les yeux", a martelé Barack Obama qui, à l'issue de son discours, est allé longuement serrer la main d'un survivant du feu nucléaire.
Ce dernier, Sunao Tsuboi, 91 ans, avait expliqué avant la cérémonie que s'il avait l'occasion d'échanger avec le président, il exprimerait d'abord sa "gratitude" pour la visite. "Je n'ai aucunement l'intention de lui demander des excuses", a ajouté le nonagénaire, militant antinucléaire de longue date.
Né 16 ans après le recours à cette "bombe cruelle" selon les termes de l'empereur Hirohito, Barack Obama a plaidé comme il l'avait fait peu après son arrivée au pourvoir, pour un monde sans armes nucléaires, tout en reconnaissant que cela n'arriverait "probablement pas de son vivant".
"C'est le rôle des historiens de poser des questions"
Dès son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama avait fait de la dénucléarisation l'une de ses priorités. "Les États-Unis, seul pays à avoir jamais utilisé une arme nucléaire, ont la responsabilité morale d'agir", avait-il lancé en avril 2009 à Prague, dénonçant l'idée selon laquelle il faudrait se résigner à un monde où "de plus en plus de pays possèdent l'outil de destruction ultime".
S'il peut mettre à son actif l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu à l'été 2015, les discussions sur le désarmement nucléaire avec la Russie de Vladimir Poutine sont, elles, au point mort.
Debout à ses côtés durant son discours, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a souligné le "courage" du président américain, évoquant "un nouveau chapitre de l'histoire de la réconciliation entre le Japon et les États-Unis".
Barack Obama avait toutefois averti par avance qu'il n'effectuait pas ce voyage pour porter un jugement sur la décision prise par son lointain prédécesseur Harry Truman ou présenter des excuses sous une forme ou une autre.
"C'est le rôle des historiens de poser des questions (...) mais je sais, étant moi-même président depuis sept ans et demi, que tout dirigeant prend des décisions très difficiles, en particulier en temps de guerre", avait-il explqiué.
Truman a expliqué n'avoir pas eu "le moindre regret". Tous ceux qui lui ont succédé se sont gardés, lorsqu'ils étaient au pouvoir, de mettre en doute son choix.
Avec AFP