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Le Festival de Cannes fait de la place au cinéma en réalité virtuelle

Au Festival de Cannes, on s’intéresse aussi au futur du cinéma. Les "experts de la révolution numérique" ont leur pavillon dédié : Next. Mashable FR y a rencontré Antoine Cayrol, producteur du premier court-métrage français en réalité virtuelle.

Le festival de Cannes fait de la place à la réalité virtuelle. Le monde du cinéma fera-t-il bientôt de même ? 

"L’année dernière au pavillon Next, on était des gueux, sous une tente, poussés sur le côté", se souvient Antoine Cayrol, producteur et co-fondateur d’Okio Studio, une société française de production en réalité virtuelle. "Aujourd’hui on arrive, on a pris la place de Canal+, on a 40 masques de réalité virtuelle en projection, des conférences de presse… C’est un signe très fort." 

Il reste encore beaucoup à faire avant de voir un long métrage de réalité virtuelle en compétition à Cannes. Le storytelling, les moyens techniques de tournage, la prise de son, le jeu des acteurs… tout ou presque est à repenser.

"Il n’y a toujours pas de matériel. Il n’y a pas grand chose pour filmer. Je pense que pendant encore deux ou trois ans, si tu veux faire un film de très bonne qualité, tu devras construire tes façons de tourner", raconte Antoine Cayrol, qui a passé quatorze mois à faire de la recherche et développement avec ses associés Pierre Zandrowicz et Lorenzo Benedetti, avant de démarrer les tournages.

Des moyens "sur mesure" forcément coûteux. Pour leur court-métrage de 14 minutes en réalité virtuelle, "I, Philip", le studio Okio a dépensé, tout compris, 600 000 euros. Soit plus du double du coût de réalisation et post-production d’un court traditionnel. "Et encore, beaucoup de gens ont fait des efforts", précise le producteur. Pourtant le coût élevé de la réalité virtuelle ne semble pas refroidir le monde du cinéma. "En trois ans, les Américains ont investi 6 milliards" dans la recherche et développement, assure Antoine Cayrol.

Il faudra aussi penser aux spectateurs et aux salles de cinéma du futur. Mais les professionnels du milieu ne se font pas de souci. Les critiques sur la gêne du port du masque de VR ? "On analyse ça aujourd’hui au regard des choses qu’on connaît. Mais le masque va disparaître. Très vite on aura des lunettes, puis des lentilles, et bientôt une nouvelle technologie où on injectera quelque chose dans ton sang et ça diffusera directement la VR depuis ton cerveau", s'emballe Antoine Cayrol. En attendant d’y être, Pick Up VR ouvre la toute première salle de cinéma à 360 en France, le 19 mai à Paris.

Pour les années à venir, le studio Okio a déjà des tas de projets en cours. Et il n’est pas le seul. James Knight, producteur des images en motion capture du "Avatar" de James Cameron, a confié lors d’une conférence de presse organisée au Pavillon Américain qu’il avait rencontré "les plus gros studios de production à Cannes ces jours-ci parce qu’ils s’intéressent à la réalité virtuelle". Et d’après les déclarations du cinéaste Robert Stromberg au festival du film de Sundance, Steven Spielberg himself travaille sur un projet exclusivement en réalité virtuelle.

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