Alors que François Hollande a affirmé mardi qu'il ne reculerait pas sur la Loi travail, quelque 68 000 personnes ont manifesté en France pour la sixième journée de mobilisation contre le texte. Quatre-vingt-sept personnes ont été interpellées.
Ils étaient 68 000 à participer à plus de 100 manifestations organisées partout en France, le mardi 17 mai, pour la sixième journée de mobilisation contre la Loi travail. Après le passage en force du gouvernement, qui a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter en première lecture le texte défendu par la ministre Myriam El Khomri, les syndicats avaient appelé à deux nouvelles journées de manifestations, ce mardi et jeudi prochain.
Les routiers ont par ailleurs entamé une semaine de grèves reconductibles. Ils ont mené des actions près de Bordeaux, Caen, Rouen, Nantes, Lanester, Saint-Omer, Lyon, Limoges, Valenciennes, Perpignan, Lille et près de Marseille. La CGT a également organisé des blocus dans les ports du Havre, de Nantes-Saint-Nazaire, et de Marseille.
Ils sont venus appuyer la mobilisation qui commençait à s’essouffler, plus de deux mois après les premières manifestations. Cette fois, la participation a été supérieure à celle de la journée du 12 mai qui avait réuni 55 000 personnes en France. Au plus fort de la contestation, le 31 mars, les défilés avaient rassemblé 390 000 à 1,2 million de personnes selon les sources.
Malgré la persistance de la mobilisation, François Hollande a affirmé mardi qu’il ne reculerait pas. "Je ne céderai pas parce qu’il y a eu trop de gouvernements (...) qui ont cédé, d’où l’état du pays que j’ai trouvé en 2012", a déclaré le chef de l’État sur Europe 1.
Des "incidents limités" à Rennes, Paris et Nantes
Des "incidents et dégradations limitées ont été constatés en marge de certains cortèges, notamment à Nantes, Rennes et Paris", a précisé mardi soir le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Au total, 87 personnes ont été interpellées sur l'ensemble du territoire, et 46 placées en garde à vue.
Lors de la manifestation parisienne, qui a rassemblé 11 000 à 12 000, selon la police, et 55 000 selon la CGT, des CRS se sont mis en tête du cortège pour protéger le service d’ordre syndical qui avait été assailli jeudi dernier par des groupes d’extrême gauche. Le défilé, qui a commencé à l'École militaire, dans le VIIe arrondissement parisien, pour s'achever une cinquantaine de minutes plus tard sur la place Denfert Rochereau, s'est déroulé au rythme de slogans tels que "résistance, résistance contre la loi travail!".
"Il y a eu peu de problèmes, seuls quelques abris bus cassés", témoigne Alexandra Renard, envoyée spéciale de France 24. "Les organisations avaient prévu leurs propres services sécuritaires", précise-telle. Malgré ces précautions, des casseurs ont réussi à faire irruption en fin de parcours. "Des casseurs ont lancé des projectiles sur la police qui a répliqué par des jets de gaz lacrymogènes", décrit notre journaliste. Douze personnes ont été interpellées, dont neuf pour port d’arme.
Au cours du week-end, plusieurs militants d’extrême gauche s’étaient vu délivrer des interdictions de manifester par le préfet de police. Mais celles-ci ont été suspendues dans neuf cas sur dix par le juge administratif qui y a vu une atteinte illégale à la liberté d’aller et venir, a rapporté leur avocate.
Onze policiers blessés
Dans le centre de Lyon, 7 000 personnes, selon les organisateurs, et 1 900 d’après la police, ont manifesté dans un climat tendu, des jets de projectile ayant accompagné l’ensemble du défilé. "À Lyon, cinq policiers ont été blessés, dont un sérieusement, victime d'un jet de projectile", a précisé le porte-parole du ministère, Pierre-Henry Brandet. Onze policiers au total ont été blessés au cours de la journée.
À Nantes, où la Fnac a été évacuée après des jets de projectiles, 3 500 personnes ont manifesté selon la police. Quatorze personnes ont été interpellées après de nouveaux incidents. Deux jeunes ont également été interpellés à Bordeaux, où 2 000 personnes, selon la police, et 5 000 d’après la CGT, ont défilé.
Avec AFP et Reuters