La Loi travail devrait bien passer à l'Assemblée nationale grâce à l'utilisation du 49-3. La gauche du PS, qui refuse de voter la motion de défiance de la droite, n'a pas réussi à rassembler les 58 signatures nécessaires à sa propre motion.
Le gouvernement de Manuel Valls peut souffler : il n’aura pas à faire face à une motion de censure venant de son propre camp. Les députés de gauche qui œuvraient en ce sens ont échoué, mercredi 11 mai, à rassembler les 58 signatures nécessaires au dépôt d’une telle motion au lendemain du recours gouvernemental au 49-3 sur le projet de Loi travail.
L’après-midi a toutefois fourni son lot de suspense : au bout du compte, il n’aura manqué que deux signatures, selon le frondeur socialiste Laurent Baumel. À l'expiration du délai de dépôt, à 16 h 35, le projet de motion de la gauche "avait recueilli 56 signatures, il en fallait 58", a ainsi déclaré à la presse le député d'Indre-et-Loire. Il a précisé qu'il y avait "plus de 30 socialistes" parmi les signataires.
Les frondeurs du Parti socialiste ont également confirmé qu'ils ne voteraient pas la motion de droite débattue jeudi après-midi. Le gouvernement ne devrait donc pas être inquiété, et la Loi travail définitivement adoptée.
"Ligne jaune"
Le sort des députés socialistes signataires est maintenant en suspens : selon Laurent Baumel, qui en fait partie, ils ont "fait (leur) devoir (...) Je ne crois pas que la direction du PS aurait intérêt à punir des socialistes qui défendent des principes socialistes", a-t-il jugé. Mais d’autres voix se sont fait entendre au sein du parti, dont celle, non négligeable, du Premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Il a estimé, dans un tweet, que Christian Paul, l’un des meneurs des frondeurs, avait "passé la ligne jaune".
Plus direct, le député de Paris Christophe Caresche a estimé sur i-Télé que si les frondeurs apportaient leur voix à une quelconque motion, de gauche ou de droite, "ils seraient exclus du Parti socialiste et ne pourraient pas se présenter aux prochaines élections au nom du PS".
Parmi les 56 signataires du projet de motion de la gauche, seuls les 10 députés du Front de Gauche, à l'initiative de cette motion, voteront le texte de la droite, "seul outil" à leurs yeux pour obtenir le retrait du projet de Loi travail.
Avec AFP