
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées mardi 10 mai en France à l'appel de Nuit debout, afin de protester contre le recours à l'article 49-3 pour faire passer en force la Loi travail, une "insulte au peuple" selon ce mouvement citoyen.
Elles dénoncent une "insulte au peuple". Plusieurs milliers de personnes ont manifesté en France, mardi 10 mai, pour dénoncer le passage de la Loi travail. À Paris, ils étaient 500, selon la police, à manifester devant l'Hémicycle aux cris de "Tout le monde emmerde le 49-3", "La vraie démocratie, elle est ici", ou encore "Assemblée nationale, Assemblée du capital".
Le Premier ministre, Manuel Valls, a engagé, mardi après-midi, la responsabilité de son gouvernement via l'alinéa 3 de l'article 49 de la Constitution afin de faire adopter sans vote le projet de Loi travail. Un tel procédé relève d'un "recul sans précédent des droits des travailleuses et des travailleurs en France, un retour au XIXe siècle", affirmait mardi matin le mouvement citoyen Nuit debout".
"En France, dès qu’on parle du 49-3, on sait qu’on est dans un bras de fer", explique sur France 24 Armelle Charrier, analyste politique. "Il y a en France le souvenir du Mai 68 et l’inquiétude que peut générer un mouvement tel que Nuit debout aujourd’hui. C’est un mouvement citoyen qui demande à ce qu’il y ait plus d’écoute et rejette ce qu’il nomme une 'bourgeoisie d’État' transcendante, c'est-à-dire ni de droite ni de gauche. Il désigne ainsi les hommes politiques qui s’accaparent l’État mais ne font pas, selon eux, le travail".

Le PS en ligne de mire
Le passage en force de la loi travail a cristallisé la colère du mouvement citoyen qui a promis une réponse "par tous les moyens légitimes en proportion au mépris affiché. L'appel a été entendu dans plusieurs villes, notamment à Toulouse, où un cortège d’un millier de personnes a sillonné la ville aux cris de "Toulouse, soulève-toi", "Cette société-là, on n'en veut pas". Jeunes, salariés, étudiants et lycéens, réunis spontanément à l'appel d'une intersyndicale CGT, FSU, Solidaires et Nuit debout, se sont ensuite dirigés vers le siège du PS de Haute-Garonne où ils ont été bloqués par un cordon de police.
À Lyon, ils étaient 500 face à l'Hôtel de ville, à scander "P comme pourris et S comme salauds, à bas le parti socialo". Une partie des manifestants est ensuite allée à la Croix-Rousse dégrader un local de police municipale et saccager un local du PS. D'autres manifestions ont réuni entre plusieurs dizaines et une centaine de personnes à Lille, Tours et Marseille, Grenoble où la police fait également état de "nombreux incidents".
Manifestations tendues dans l'Ouest
Dans l'Ouest, plusieurs manifestations tendues ont eu lieu simultanément, les manifestants ciblant particulièrement le Parti socialiste. À Caen, un groupe d'une quarantaine de personnes a "saccagé" le local de la fédération départementale du PS.
À Nantes, un premier défilé s'est déroulé en fin de journée avec quelque 400 personnes, avant de dégénérer vers 21h30. Les manifestants ont tagué la façade de la mairie, à majorité socialiste, et essayé de casser les vitres. Après des jets de bouteilles dirigés vers les forces de l'ordre, ces dernières ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont aussi jeté des poubelles sur les grilles du conseil départemental de Loire-Atlantique. Une centaine de manifestants, qui avaient commencé la construction d'une barricade, se sont ensuite violemment affrontés vers minuit avec les forces de l'ordre.
À Rennes, plus de 300 manifestants ont défilé dans les rues du centre historique en s'accompagnant de bruits de casseroles et de bidons et en scandant: "C'est pas le 49-3 qui fera la loi, la vraie démocratie, elle est ici !" Après un long jeu de chat et de souris avec les forces de l'ordre, sans véritable affrontement, ils ont cessé de manifester vers 23h30, et sont retournés à la "Maison du Peuple".
Avec AFP