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Accusé de harcèlement sexuel, Denis Baupin porte plainte pour "diffamation publique"

Le député Denis Baupin, visé par des accusations d'agressions sexuelles, a fait savoir mardi qu'il déposait une plainte pour diffamation contre Mediapart et France Inter, au lendemain de leurs révélations.

Accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles par des élues et responsables écologistes, le député Denis Baupin contre-attaque. Au lendemain de sa démission de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale, il a fait savoir, mardi 10 mai, qu'il déposait plainte pour diffamation contre Mediapart et France Inter, les deux médias à l’origine des révélations basées sur des témoignages de victimes présumées.

Enquête préliminaire

Son avocat, Me Emmanuel Pierrat, a indiqué dans un communiqué que son client "prenait acte" de l'ouverture d'une enquête préliminaire un peu plus tôt dans la matinée et "coopérerait bien entendu avec les institutions et le parquet". Cette procédure "lui permettra non seulement d'exercer ses droits [...] mais aussi de démontrer son innocence et sa bonne foi", a précisé l'avocat.

"Il réservera ses déclarations à la justice, ainsi que les éléments en sa possession prouvant le caractère mensonger des allégations d'agression et de harcèlement sexuels, afin de garantir la sérénité des débats", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le parquet de Paris a indiqué que l'enquête préliminaire, ouverte au lendemain des révélations fracassantes du site Internet et de la radio publique, "va s'attacher à recueillir les témoignages des victimes présumées qui se sont exprimées dans les médias", précisant qu'à ce stade "aucune plainte relative à ces faits n'a été reçue".

Les "allégations" parues dans la presse portent "sur des faits susceptibles d'être qualifiés d'agressions sexuelles, harcèlement sexuel, appels téléphoniques malveillants", selon le parquet. La prescription est en principe de trois ans pour ces délits, dont les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel.

Les langues se délient au sein d’EELV

Après ces révélations faites par huit femmes, le parti Europe Écologie-Les Verts (EELV), que Denis Baupin a quitté il y a trois semaines, a salué le "courage" des victimes qui se sont exprimées, espérant que ce courage soit "contagieux". La porte-parole du parti, Sandrine Rousseau, au nombre des victimes présumées a lancé un "appel" à témoignages non prescrits. "S'il y a des femmes, qu'elles n'hésitent pas, on sera là en soutien, nous pour lesquelles les faits sont prescrits", a-t-elle déclaré.

Il n’en reste pas moins que cette affaire a créée des remous au sein du parti. Dans la matinée, la ministre écologiste du Logement Emmanuelle Cosse a déclaré ne pas avoir eu connaissance jusqu'à cette semaine de soupçons de harcèlement sexuel visant son conjoint, Denis Baupin.

Une version mise à mal lundi, par le conseiller EELV de Paris Yves Contassot, par ailleurs opposant interne d’Emmanuelle Cosse. S’exprimant sur RMC, il a fait état de rumeurs de harcèlement et d’agressions sexuelles qui circulaient déjà l’an dernier au sein du parti. Mais il a surtout implicitement accusé la ministre d'avoir voulu étouffer les accusations visant son conjoint.

"Quand il y a eu des allusions à ça, assez récemment lors d'un conseil fédéral, à la surprise générale, la personne qui est montée à la tribune pour demander qu'on arrête de discuter de ça, c'est sa compagne, c'est Emmanuelle Cosse qui a dit : 'Stop, j'ai interdit qu'on poursuive ce débat. On réglera ça ailleurs et dans d'autres conditions'. Et là je dois dire qu'il y a eu une sorte de stupéfaction parce que même si le nom de Denis [Baupin, NDLR] n'était pas évoqué, tout le monde se disait 'c'est possible qu'il soit implicitement dans les cas qui étaient évoqués'. On parlait de harcèlement, de viols, etc."

Toutefois, ce mardi, l’élu parisien a semblé rétropédaler en indiquant au micro de France 2, qu’il ne croyait pas, "à aucun moment, qu’elle ait voulu étouffer quoique ce soit".

Avec AFP