logo

La CGT a dénoncé mardi des contrôles "ciblés" de migrants demandés aux contrôleurs dans les bus qui relient Caen à Ouistreham en France, dans le Calvados. La préfecture dément mais fait état de problèmes liés à "l'immigration irrégulière".

À Caen, dans le Calvados, une traque des migrants s’effectuerait dans les bus. Mardi 3 mai, la CGT de l'entreprise de transports incriminée, Twisto, a dénoncé des contrôles "ciblés" de migrants demandés aux contrôleurs dans les bus qui relient Caen à Ouistreham, dans le Calvados.

Ces contrôles s’effectueraient entre 16 h et 18 h 30 "depuis près de trois mois" par des équipes de quatre à huit contrôleurs, précise un article du site Normandie-actu.

"La direction demande de remplir des tableaux avec la date, l'heure, le 'nombre de migrants contrôlés' et 'le nombre de migrants verbalisés'. Nous avons demandé que cela cesse. La délation ce n'est pas notre mission", a alerté Thierry Poullenec, de la CGT des retraités des transports.

Outre cette mission, les contrôleurs doivent aussi signaler le lieu précis de squats aperçus le long du parcours du bus. Caen est l'une des localités d'où partent des ferries pour l'Angleterre.

"Cela rappelle les heures les plus sombres de notre histoire"

Ces consignes ont scandalisé certains salariés. "On a été alerté par un salarié choqué de ce qu’il se passait", raconte Thierry Poullenec. Un mois plus tôt, l’employé en question avait assisté à une opération de comptage : "Cela rappelle les heures les plus sombres de notre histoire et ne relève pas de leur mission", s’est-il indigné, rapporte Normandie-actu.

Le conseiller municipal d'opposition PS Éric Vève a également dénoncé ces tableaux et la demande sur les squats. Cela "me paraît contrevenir à certains principes fondamentaux de notre droit, et en particulier au nécessaire respect du principe d'égalité de traitement entre les personnes, sans discrimination tenant notamment à la race, l'apparence physique ou l'origine", a-t-il ajouté.

Interrogé par l'AFP, Bruno Guégan, directeur de Keolis Twisto Caen, à qui l'agglomération a confié les transports en commun, a pour sa part confirmé que de tels tableaux avaient bel et bien circulé. "La CGT et la CFTC nous ayant signalé un afflux de migrants et des problèmes de fraude et d'insécurité, nous avons fait pendant une semaine en mars des relevés de fréquentation et des opérations de contrôles renforcés en présence de la police, mais on contrôlait et on verbalisait tout le monde", a-t-il assuré. Le terme "migrants" sur le tableau est "une maladresse". "Les syndicats avaient parlé de migrants, c'est resté", a-t-il ajouté.

Bruno Guégan a par ailleurs confirmé que la préfecture avait demandé aux contrôleurs de signaler les éventuels squats qu'ils pourraient remarquer. "C'est une demande qui fait suite à l'incendie d'un squat" de migrants à Caen le 25 avril, a-t-il justifié.

Des problèmes liés à "l’immigration irrégulière"

Du côté de Twisto, contactée par France 24, on ne préfère pas s’exprimer.

Quant à la préfecture du Calvados, elle "dément toute injonction aux contrôleurs", mais fait néanmoins état de problèmes liés à l'"immigration irrégulière" dans l'agglomération. "Des signalements venant des opérateurs de transports publics sont spontanément remontés auprès des forces de l'ordre et traités dans le cadre de la lutte contre la fraude et la délinquance sur les lignes de transports publics", explique la préfecture dans un communiqué.

"Suite à ces signalements, des contrôles ont été opérés par la police nationale, aidée de la police municipale et de la police aux frontières (PAF) qui avaient signalé la présence d'étrangers en situation irrégulière sur le réseau de transports urbains." Avant de trancher : "Ces signalements ne peuvent faire l'objet de polémiques et d'instrumentalisation dans ce contexte spécifique".