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Quatre journalistes en danger récompensés par RSF

En procès, en prison ou en exil pour avoir défendu la liberté de la presse dans leur pays, quatre journalistes ont reçu lundi les honneurs décernés aux "héros de l'information" remis par Reporter sans frontières. Portraits.

Des révélations des "Panama papers" à la résistance des journalistes turcs, Reporter sans frontières (RSF) a rendu hommage aux "héros de l’information", lors de la soirée "Les Combats du journalisme", qui se tenait lundi 2 mai, au Théâtre du Rond-Point, à Paris. À la veille de la journée mondiale de la liberté de la presse, quatre journalistes ont été particulièrement mis à l’honneur et ont notamment reçu une médaille de la ville de Paris. "Ces médailles vont bien au delà du symbole, s’est réjoui Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, lors de la remise des prix. Elles sont un véritable soutien pour des hommes et des femmes qui parfois risquent leur vie ou leur liberté pour informer leurs concitoyens et qui sont des exemples pour leurs confrères partout dans le monde." Tour d'horizon de ces journalistes hors du commun.

Can Dündar, journaliste turc qui défie Erdogan

Can Dündar, directeur de la publication du quotidien turc laïc et progressiste Cumhuriyet, encourt la prison à vie pour "espionnage". "Si vous êtes journaliste en Turquie, aller en prison fait partie de votre plan de carrière", a-t-il ironisé lors d’une conférence de presse, dénonçant le "climat de peur propagé par le régime (du président Recep Tayyip) Erdogan parmi les journalistes".

Farouche opposant du régime islamo-conservateur, ce documentariste et auteur de livres à succès de 54 ans est accusé, avec Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, d'"espionnage" et de "divulgation de secrets d’État" pour avoir publié un article sur des livraisons d'armes par les services secrets turcs à des islamistes en Syrie. Libéré fin février grâce à une large mobilisation internationale après plus de trois mois de détention, son procès est en cours.

Antoine Kaburahe, journaliste burundais exilé en Belgique

Antoine Kaburahe, 47 ans, est le directeur de l'hebdomadaire privé Iwacu, dernier média indépendant à paraître au Burundi après la fermeture forcée des radios du pays sur ordre du président Pierre Nkurunziza. C’est aussi le média le plus lu de la capitale burundaise. Féru d’actualité et d’écriture, il a dû fuir son pays pour des raisons de sécurité et vit aujourd’hui exilé en Belgique depuis la tentative de putsch de mai 2015, au cours de laquelle les autorités ont refusé de distinguer les putchistes des journalistes qui continuaient d’informer la population sur la situation politique du pays.

Narges Mohammadi, journaliste prisonnière des geôles iraniennes

Narges Mohammadi, journaliste iranienne et militante pour le respect des droits humains, est emprisonnée depuis mai 2015 en Iran. Elle est accusée de "diffusion de propagande contre le régime" et de "rassemblement et collusion en vue de commettre des infractions compromettant la sécurité nationale". Cette proche collaboratrice de Shirin Ebadi (Prix Nobel de la paix 2003), porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’Homme, n’a pas vu ses enfants ni son mari depuis huit mois. Malgré de graves problèmes de santé, elle n’a pas été autorisée à recevoir les soins nécessaires, contre l’avis des médecins. Son procès est prévu pour le 20 avril 2016 après avoir été reporté plusieurs fois ces derniers mois sans aucune explication.

Lotfullah Najafizadeh, patron d'une télévision afghane, cible des Taliban

Lotfullah Najafizadeh est le directeur de Tolo News, chaîne de télévision afghane lauréate du Prix RSF 2005. Il a été victime d’un attentat-suicide en janvier 2016, commis par les Taliban, qui avaient qualifié la chaîne de “cible militaire” quelques mois plus tôt. Avec son siège à Kaboul, et forte d’une équipe de 100 personnes, Tolonews est l'une des rares sources d'information fiables en Afghanistan.

L’Afghanistan, la Turquie, le Burundi et l’Iran figurent respectivement aux 120e, 151e, 156e et 169e places du Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par RSF.