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Ahmadinejad donné vainqueur, Moussavi dénonce des fraudes

Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad serait réélu avec 64,88 % des voix, selon des résultats partiels communiqués, samedi, par la commission électorale. Son principal rival, Mir Hossein Moussavi, dénonce des irrégularités.

L'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad a été largement réélu à la présidence iranienne, selon les résultats partiels communiqués samedi au lendemain d'un scrutin contesté par son principal rival, le modéré Mirhossein Moussavi.

Le score du président sortant, qui l'emporte avec deux fois plus de suffrages que Moussavi, déjoue les pronostics de la plupart des observateurs, qui annonçaient un duel serré.
 


La campagne d'une virulence sans précédent en Iran a fortement polarisé l'opinion tout en attisant l'intérêt des chancelleries étrangères, à l'affût de toute inflexion du discours officiel, notamment au sujet du programme nucléaire de la République islamique.

"Je suis le vainqueur indiscutable de cette élection présidentielle", a lancé Moussavi, vendredi soir, avant l'annonce de résultats partiels qui ne laissent aucun doute quant à la victoire d'Ahmadinejad.

Entre autres irrégularités, le conservateur modéré, Premier ministre pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), a dénoncé une pénurie de bulletins de vote qui a, selon lui, affecté nombre de ses partisans.

La commission électorale a crédité Ahmadinejad de près de 64,8 des voix après dépouillement de plus de 30 millions de bulletins. Moussavi recueille quant à lui 32% des suffrages.

Selon le ministère de l'Intérieur, la participation a atteint au mieux 80%, ce qui signifie que le candidat soutenu par le camp réformateur n'est plus en mesure de combler son retard, quand bien même il recueillerait l'ensemble des suffrages restant à dépouiller.

Heurts entre pro-Moussavi et les forces de l'ordre

"Le docteur Ahmadinejad, en obtenant la majorité des suffrages lors de cette dixième élection présidentielle, remporte la victoire", a annoncé l'agence officielle Irna, sans dissiper les doutes des observateurs.

"Il est difficile de croire que cela est arrivé sans tricherie", a commenté Trita Parsi, président du Conseil national américano-iranien, établi aux Etats-Unis.

La police a dispersé samedi matin plusieurs centaines de partisans de Moussavi qui s'étaient rassemblés sur la place Fatimi, près du siège de campagne du candidat, dans le centre de Téhéran.

"Ils ont ruiné le pays et ils veulent le ruiner encore plus pendant les quatre ans qui viennent", ont lancé des partisans de M. Moussavi, rassemblés devant le QG de campagne de leur candidat, alors que la police tentait de les disperser à coups de bâton et de coups de pieds.

"Nous resterons ici, nous mourrons ici", criaient-ils alors qu'une femme était frappée d'un coup de bâton dans le dos par un policier. "J'ai peur qu'ils aient joué avec le vote du peuple", a dit une autre femme à l'AFP.

Tous les rassemblements ont en outre été interdits jusqu'à la proclamation des résultats définitifs, ce qui n'a pas empêché plusieurs dizaines de partisans d'Ahmadinejad de crier victoire en agitant des drapeaux sur un boulevard de la capitale.

Avant l'annonce des premiers résultats, Barack Obama avait déclaré que son administration se passionnait pour le débat en cours en Iran, souhaitant qu'il débouche "une nouvelle voie".

Personne, même en cas de victoire de Moussavi, ne s'attendait toutefois à un changement radical de la position iranienne sur les grands sujets internationaux, à commencer par le nucléaire, qui reste dictée par le guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei.

L'ancien chef du gouvernement âgé de 67 ans a exclu de renoncer au programme d'enrichissement d'uranium que les puissances occidentales soupçonnent de cacher un volet militaire, mais les analystes estiment qu'il aurait abordé différemment les relations avec les Etats-Unis.

Washington n'a plus de liens diplomatiques avec l'Iran depuis la révolution islamique de 1979 mais Barack Obama a proposé une relation nouvelle si Téhéran "desserre le poing".