
Mir Hossein Moussavi, considéré comme le candidat le plus modéré, a revendiqué la victoire quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote. L'agence de presse officielle Irna a pour sa part indiqué la victoire de Mahmoud Ahmadinejad.
Les bureaux de vote ont à peine fermé que, déjà, les deux principaux candidats à la présidentielle iranienne affirment avoir remporté le scrutin.
Selon le président de la commission électorale au ministère de l'Intérieur, Kamran Daneshjoo, le président sortant, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, serait en tête avec 69 % des voix après l'ouverture de 19 % des urnes.
Cette annonce contredit celle faite à la presse, quelques heures plus tôt, par l’ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi. Ce dernier avait lui aussi fermement revendiqué la victoire.
"Je suis le vainqueur indiscutable de cette élection présidentielle", a déclaré le principal rival de l'actuel président Mahmoud Ahmadinejad, lors d'une conférence de presse à Téhéran.
Les résultats officiels ne seront connus que samedi. Si aucun candidat ne réunit sur son nom plus de 50 % des suffrages, un second tour aura lieu le 19 juin entre les deux prétendants arrivés en tête au premier tour.
Une participation record
Toute la journée, les électeurs iraniens se sont rendus aux urnes pour choisir leur président de la République. Ils avaient le choix entre quatre candidats : le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, l’ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, l'ancien président réformateur du Parlement Mehdi Karoubi, et l'ancien chef des Gardiens de la révolution Mohsen Rezaï.
Face à l'affluence, la fermeture des bureaux a été repoussée à quatre reprises. Initialement programmée à 18h, la cloture n’a été annoncée qu’à 22h.
"Je n’ai jamais vu ça lors des précédents scrutins en Iran. Il y a foule devant les bureaux de vote", raconte Delphine Minoui, envoyée spéciale du Figaro pour FRANCE 24 en Iran. "Le plus étonnant, ajoute-t-elle, c’est le nombre de femmes et de jeunes - ces mêmes personnes qui avaient boycotté l’élection en 2005 et qui avaient ainsi favorisé l’élection de Mahmoud Ahmadinejad."
Selon Delphine Minoui, cette participation record pourrait jouer en la défaveur du président sortant, si elle se confirme. "Dans les villes, les gens lui reprochent d’avoir gaspillé l’argent du pétrole et d’avoir isolé le pays. Ils se pressent aujourd’hui aux urnes pour faire la différence."
Face au très conservateur et provocateur Mahmoud Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, 67 ans, présenté comme son principal adversaire, est considéré comme un réformateur. "Mais attention : être réformateur en Iran, cela ne signifie pas remettre en cause le régime, précise Delphine Minoui. C’est créer un changement au sein de la République islamique."
"Le pays est coupé en deux"
Ce changement inclurait une libéralisation des mœurs, une réduction de la censure, la prise en compte des problèmes des femmes et de nouvelles relations avec l’Amérique. Si Moussavi se dit prêt à discuter avec l’Occident, il refuse d’abandonner le programme nucléaire iranien.
De son côté, le président américain Barack Obama a déclaré vendredi qu'un changement était possible dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran. Obama a par ailleurs salué le "débat intense" qu'a suscité la campagne électorale. Et déclaré qu'un changement "est possible".
Le principal opposant d'Ahmadinejad a cristallisé les passions ces dernières semaines. Toutefois, le président sortant bénéficie toujours d’un large soutien. "Quand vous vous éloignez du nord de Téhéran et que vous allez dans le sud de la capitale et dans les campagnes, vous vous rendez compte que l’Iran est coupé en deux. Ahmadinejad y bénéficie de nombreux soutiens, notamment grâce aux aides sociales qu’il a distribuées pendant son mandat et qui ont largement favorisé les provinces", explique Delphine Minoui.
Les résultats de ce premier tour sont attendus samedi. Selon Sadegh Kharazi, un proche de Moussavi interviewé par Reuters, l'ex-Premier ministre serait pour l'instant en tête avec 58 à 60 % des suffrages exprimés à 15 h, heure locale.
Si aucun des candidats ne parvient à réunir au moins 50 % des suffrages, les deux prétendants arrivés en tête s’affronteront lors d’un second tour, le 19 juin.