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À Alep, bombardée par le régime et les rebelles, la trêve n'est plus

Depuis vendredi, plus d'une centaine de civils ont été tués dans la province d'Alep par les bombardements du régime syrien mais aussi des rebelles. Pour les habitants pris entre deux feux, la trêve est désormais de l'histoire ancienne.

La trêve mise en place en Syrie le 27 février fait bel et bien partie du passé pour les Alépins, malgré les dénégations des grandes puissances qui veulent toujours y croire. Dans la grande métropole du nord, qui avait connu un calme relatif avec le cessez-le-feu, les combats se sont intensifiés ces derniers jours et plus d'une centaine de personne ont péri depuis vendredi 22 avril.

Sur les réseaux sociaux sont réapparus des montages d'images de blessés avec des inscriptions : "Alep agonise" ou encore "Sauvez Alep".

"Les personnes tuées sont des habitants, des femmes et des enfants pour la plupart : où est donc la trêve?", s'indigne ainsi Mohammed Kahil,  cité par l'AFP. Il est médecin légiste dans la partie est d'Alep, ville coupée en deux depuis 2012.

Pour les habitants de la partie ouest aussi, la trêve n'est plus qu'un souvenir. Ils sont irrités d'entendre les grandes puissances parler encore aujourd'hui d'une cessation des hostilités. "Trêve ! C'est devenu un mot provocateur que les habitants d'Alep ne peuvent plus supporter", lance à l'AFP Saad Aliya, un chauffeur de taxi de 27 ans. "Si c'est ça la trêve, je vous en conjure, ramenez-nous la guerre !", explose-t-il.

Un vingtaine de personnes au moins ont été tuées et 120 autres blessées dans des bombardements rebelles contre des quartiers ouest de la ville, tenu par le régime. Selon de nombreuses sources concordantes sur place, les rebelles utilisent comme projectiles des bombonnes de gaz bourrées d'epxlosif.

Le régime a répliqué dès le lendemain par de nouveaux raids sur l'est de la ville, tenu par les rebelles, faisant également une vingtaine de morts.

Pour Washington et Moscou, la trêve tient toujours

Washington et Moscou, les deux parrains de la trêve, continuent de leur côté d'assurer que la cessation des combats tient - en majeure partie. "Nous ne sommes pas prêts à la déclarer morte", a déclaré mardi le porte-parole du département d'État Mark Toner. "Nous croyons que celle-ci tient en dehors d'Alep. Nous reconnaissons que, à l'intérieur et autour d'Alep, il y a de multiples incidents qui nous préoccupent sérieusement", a-t-il ajouté.

"La situation sur le terrain ainsi que sur le plan politique provoque une grande inquiétude", a déclaré pour sa part la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. "Le cessez-le-feu résiste mais il est sérieusement mis au défi, presque quotidiennement."

Les grandes puissances avaient espéré que la cessation des hostilités facilite les pourparlers de paix entre régime et rebelles pour trouver une solution à une guerre ayant déjà tué plus de 270 000 personnes en cinq ans. Mais à Genève, le troisième round de négociations parrainées par l'ONU s'achève mercredi sans aucun progrès, puisque les principaux représentants de l'opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve.

Le principal point d'achoppement qui paralyse toute avancée dans les pourparlers reste en effet le sort du président Bachar al-Assad, dont l'opposition réclame le départ. Pour les représentants du régime, cette question est "une ligne rouge" non-négociable.

Les négociations de paix doivent reprendre le 10 mai, a annoncé mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov.

Avec AFP et Reuters