Après sa visite à New Delhi, Condoleezza Rice est arrivée à Islamabad pour exhorter le Pakistan à collaborer pleinement dans l'enquête sur les attaques de Bombay et désamorcer les vives tensions entre les deux pays voisins.
AFP - La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice était jeudi à Islamabad pour presser le Pakistan de coopérer avec l'Inde dans l'enquête sur les attaques de Bombay, New Delhi accusant des islamistes venus du Pakistan de les avoir organisées et perpétrées.
La tension est très vive entre les deux puissances militaires nucléaires et "frère-ennemis" de la région.
L'avion de la chef de la diplomatie américaine a atterri en début de matinée à Chaklala, la base aérienne militaire de la capitale, en provenance de New Delhi, où Mme Rice avait entamé la veille une mission d'urgence pour tenter d'aider à résoudre la crise entre les deux pays voisins.
L'Inde n'a "aucun doute: les terroristes étaient des individus qui venaient du Pakistan et ceux qui les commandent sont au Pakistan", lui avait assuré la veille le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee.
"Le Pakistan doit agir d'urgence et avec détermination et coopérer pleinement de manière transparente", avait alors insisté la secrétaire d'Etat américaine.
L'Inde a demandé au Pakistan de lui livrer une vingtaine de terroristes présumés.
Les plus hautes autorités pakistanaises n'ont cessé de répéter, depuis la fin, samedi, des attaques coordonnées qui ont fait 188 morts à Bombay, que les autorités pakistanaises n'étaient pas impliquées et que, si l'Inde apportait la preuve que les responsables sont au Pakistan, Islamabad ferait tout pour les arrêter et les juger.
"Les mesures qui seront prises par le gouvernement (indien) dépendront de la réponse qu'apporteront les autorités pakistanaises", avait ajouté le chef de la diplomatie indienne, en se référant à cette demande.
Mardi, cependant, M. Mukherjee avait assuré que son pays n'envisageait pas d'action militaire contre son voisin.
Pakistan et Inde se sont affrontés dans trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947, aussitôt après l'indépendance de l'Inde britannique, laquelle avait provoqué une partition extrêmement sanglante entre la partie peuplée majoritairement de musulmans (le Pakistan) et d'hindous (l'Inde).
"J'attends la réponse (d'Islamabad) et, lorsque nous l'aurons obtenue, le gouvernement prendra les mesures, quelles qu'elles soient, qu'il estime nécessaires pour protéger son intégrité territoriale, sa sécurité et celle de ses citoyens", avait prévenu le ministre indien.
L'Inde met quasiment systématiquement en cause son voisin à chaque attentat perpétré sur son territoire, notamment les puissants services de renseignements pakistanais qu'elle accuse d'aider, sinon de manipuler, les groupes extrémistes musulmans qui disent lutter pour l'indépendance de la partie du Cachemire régie par New Delhi et contre les "persécutions" dont est victime, selon eux, la minorité musulmane en Inde.
Le commando de 10 hommes, qui a tenu tête trois jours durant aux services de sécurité indiens dans la capitale économique du pays, a assuré appartenir à un groupe fondamentaliste inconnu jusqu'alors, les Moujahidine du Deccan, du nom d'un vaste plateau du centre de l'Inde.
Mais les responsables indiens de l'enquête, ainsi que les services de renseignements des Etats-Unis, cités par la presse américaine, ont assuré qu'ils venaient de l'autre côté de la frontière et appartenaient notamment à un groupe de combattants islamistes basé au Pakistan mais qui opère au Cachemire indien, le Lashkar-e-Taïba.
Mme Rice doit rencontrer à Islamabad, en une matinée seulement, le général Ashfaq Kayani, le chef d'état-major de l'armée, toute puissante au Pakistan, puis le Premier ministre Raza Yousuf Gilani et, enfin, le président Asif Ali Zardari.