
Au moins un civil a été tué, lundi, lors d'une manifestation à Kidal, dans le nord du Mali, contre l'arrestation par les forces françaises de personnes soupçonnées de liens avec les islamistes armés opérant dans la région.
Trois ans après le début de l’opération Barkhane au Mali, les tensions entre les troupes étrangères et les populations locales sont plus vives que jamais. Au moins un civil a été tué, lundi 18 avril, lors d'une manifestation contre les forces françaises et de l'ONU, à Kidal, qui pourchassent les jihadistes dans le nord-est du Mali.
"Au moins un civil a été tué lundi au cours d'une manifestation contre les forces étrangères", a révélé une source de sécurité africaine au sein de la Mission de l'ONU (Minusma). La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), une ex-rébellion à dominante touareg, parle dans un communiqué de "deux morts et plusieurs blessés dont un cas grave parmi les manifestants".
Des installations sécuritaires "saccagées"
La Minusma a confirmé la manifestation dans un communiqué, précisant que les informations sur d'éventuelles victimes étaient "en cours de vérification". "Des manifestants se sont introduits par effraction vers 10h00 (locales et GMT) sur la piste de l'aéroport, zone d'accès restreint, saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires", précise-t-elle dans un communiqué. Elle y souligne l'importance de cette piste "pour l'approvisionnement de l'aide humanitaire, le soutien aux populations locales, ainsi que pour les opérations de la Minusma et des forces partenaires".
La CMA déplore "un tel comportement de la part des manifestants" tout en exigeant de la Minusma "une enquête immédiate pour identifier les auteurs de tirs mortels contre les manifestants". La Mission de l'ONU précise être en contact avec les autorités nationales et locales "dans le but d'apaiser les tensions et de comprendre les circonstances des événements qui ont dégénéré ce matin".
Des Touareg arrêtés par Barkhane
Selon un militaire guinéen de la Minusma, "les manifestants demandaient la libération de trois Touareg, arrêtés par les Français de l'opération Barkhane, accusés d'être complices des terroristes qui ont récemment posé des mines qui ont tué trois militaires français".
Trois soldats français ont été tués au Mali par l'explosion d'une mine, le 12 avril, au passage de leur véhicule blindé près de la ville de Tessalit, au nord de Kidal. L'attaque a été revendiquée dans un communiqué par le groupe jihadiste AnsarDine de l'ancien chef rebelle touareg devenu islamiste Iyad Ag Ghaly, actif dans la région de Kidal.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.