logo

Au Caire, Hollande souligne l'impératif des droits de l'Homme et froisse Sissi

En visite au Caire, François Hollande a estimé dimanche que la lutte contre le terrorisme ne pouvait s'affranchir du respect des droits de l'Homme, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue Abdel Fattah al-Sissi, irrité par le sujet.

"Les droits de l'Homme sont aussi une façon de lutter contre le terrorisme", a estimé dimanche 17 avril au Caire le président François Hollande aux côtés de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, accusé par des ONG de mener une sanglante répression dans son pays. La prédominance de ce sujet lors de la rencontre des deux chefs d’État a manifestement irrité Abdel Fattah al-Sissi.

François Hollande était arrivé dimanche au Caire, deuxième étape d'une tournée au Moyen-Orient après le Liban, pour affirmer son soutien au président égyptien qui dirige le pays d'une main de fer mais aussi pour signer un nombre important de nouveaux contrats. Son entourage avait assuré que les droits de l'Homme seraient évoqués "de manière discrète et efficace", mais le sujet a finalement occupé l'immense majorité du temps de parole lors de la conférence de presse.

Lutter contre le terrorisme "suppose de la fermeté mais aussi un État, et un État de droit, c'est le sens de ce que la France évoque quand elle parle des droits de l'Homme. Les droits de l'Homme, ce n'est pas une contrainte, c'est aussi une façon de lutter contre le terrorisme", a ajouté François Hollande devant son homologue égyptien, agacé par les questions des journalistes sur ce sujet.

Les assassinats de Eric Lange et de Giulio Regeni

it
Au Caire, Hollande souligne l'impératif des droits de l'Homme et froisse Sissi

"Nous avons évoqué avec le président Sissi les droits de l'Homme, y compris les sujets les plus sensibles", comme les cas du Français Éric Lang et de l'Italien Giulio Regeni, a poursuivi François Hollande, invoquant la nécessaire "liberté de la presse et la liberté d'expression". Éric Lang est un Français arrêté en 2013 au Caire par la police et battu à mort dans sa cellule, "par des codétenus" selon le parquet général du Caire. Dans une interview à Metronews et sur RFI, sa mère accuse les autorités diplomatiques françaises d'avoir à l'époque "étouffé" l'affaire pour ne pas compromettre le rapprochement franco-égyptien.

Giulio Regeni, étudiant italien enlevé au centre de la capitale égyptienne le 25 janvier, avait été retrouvé neuf jours plus tard dans un fossé, le corps portant les stigmates d'épouvantables tortures. La presse italienne et des diplomates assurent qu'il a été tué par des membres de services de sécurité, ce que l'Égypte nie avec véhémence. Rome a rappelé son ambassadeur au Caire pour protester contre le manque de transparence dans l'enquête.

L’Égypte est "un État de droit", selon Sissi

En réponse à François Hollande, le président égyptien a assuré que son pays, qui fait ses "premiers pas d'État démocratique", était "un État de droit qui respectait son peuple".

Mais, a-t-il ajouté, "la région dans laquelle nous vivons est une région très perturbée". "Les normes en Europe, qui est au sommet du progrès et de la civilisation, ne peuvent prévaloir dans la situation que vit notre région, notamment l'Égypte", a rétorqué sèchement Abdel Fattah al-Sissi. "Nous sommes confrontés à des forces diaboliques qui essaient d'ébranler l'Égypte", notamment par "ces accusations qui visent à affaiblir la police, la justice".

À l'issue de la conférence de presse conjointe, les deux chefs d'État ont assisté à la signature de plusieurs contrats et accords avec certains des chefs d'entreprises françaises parmi la trentaine présents. Les deux hommes se sont également entretenus de la sécurité dans la région, évoquant la question israélo-palestinienne, la guerre en Syrie, la tension en Libye et la lutte contre l'organisation État islamique.

Avec AFP et Reuters