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L'ex-Premier ministre Moussavi revendique la victoire

Mir Hossein Moussavi, considéré comme le candidat le plus "modéré", a revendiqué la victoire quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote. Plus tôt dans la journée, Mahmoud Ahmadinejad s'était lui aussi déclaré vainqueur.

Des électeurs qui font la queue pour pouvoir glisser leur bulletin dans l'urne : telles sont les images que montre la télévision publique iranienne depuis vendredi matin. Face à l'affluence, la fermeture des bureaux de vote a d'ores et déjà été repoussée de 18 heures à 22 heures pour permettre au plus grand nombre de voter, a indiqué Kamran Daneshjou, responsable du scrutin au ministère de l'Intérieur, cité par la chaîne de télévision Press-TV.

"Je n’ai jamais vu ça lors des précédents scrutins en Iran. Il y a foule devant les bureaux de vote", raconte Delphine Minoui, envoyée spéciale du Figaro pour FRANCE 24 en Iran. "C’est impressionnant de voir cette foule affluer devant le bureau de vote où je me trouve, au nord de Téhéran."

"Le plus étonnant, ajoute-t-elle, c’est le nombre de femmes et de jeunes - ces mêmes personnes qui avaient boycotté l’élection en 2005 et qui avaient ainsi favorisé l’élection de Mahmoud Ahmadinejad."

Les quelque 46 millions d’électeurs iraniens sont appelés à élire leur président de la République. Le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, 52 ans, a trois rivaux : l’ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, considéré comme le plus "modéré", l'ancien président réformateur du Parlement, Mehdi Karoubi, et l'ancien chef des Gardiens de la révolution, Mohsen Rezaï. La campagne électorale s'est achevée jeudi matin dans un climat tendu entre les prétendants au poste.

Selon Delphine Minoui, cette participation record pourrait jouer en la défaveur du président sortant, si elle se confirme. "Dans les villes, les gens lui reprochent d’avoir gaspillé l’argent du pétrole et d’avoir isolé le pays. Ils se pressent aujourd’hui aux urnes pour faire la différence."

Face au très conservateur et provocateur Mahmoud Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, 67 ans, présenté comme son principal adversaire, est considéré comme un réformateur. "Mais attention : être réformateur en Iran, cela ne signifie pas remettre en cause le régime, précise Delphine Minoui. C’est créer un changement au sein de la République islamique."

"L’Iran est coupé en deux"

Ce changement inclurait une libéralisation des mœurs, une réduction de la censure, la prise en compte des problèmes des femmes et de nouvelles relations avec l’Amérique. Si Moussavi se dit prêt à discuter avec l’Occident, il refuse d’abandonner le programme nucléaire iranien.

De son côté, le président américain Barack Obama a déclaré vendredi qu'un changement était possible dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran. Obama a par ailleurs salué le "débat intense" qu'a suscité la campagne électorale.

Le principal opposant à Ahmadinejad a cristallisé les passions ces dernières semaines. Toutefois, le président sortant bénéficie toujours d’un large soutien. "Quand vous vous éloignez du nord de Téhéran et que vous allez dans le sud de la capitale et dans les campagnes, vous vous rendez compte que l’Iran est coupé en deux. Ahmadinejad y bénéficie de nombreux soutiens, notamment grâce aux aides sociales qu’il a distribuées pendant son mandat et qui ont largement favorisé les provinces", explique Delphine Minoui.

Les résultats de ce premier tour sont attendus samedi. Selon Sadegh Kharazi, un proche de Moussavi interviewé par Reuters, l'ex-Premier ministre serait pour l'instant en tête avec 58 % à 60 % des suffrages exprimés à 15 heures, heure locale.

Si aucun des candidats ne parvient à réunir au moins 50% des suffrages, les deux prétendants arrivés en tête s’affronteront lors d’un second tour, le 19 juin.

Quant à Barack Obama, président des États-Unis, il a déclaré qu'un changement "est possible" en ce qui concerne l'issue de ce scrutin.