
MassRoots, qui se définit comme le “Facebook du cannabis”, a déposé, lundi, une demande pour être coté au Nasdaq. La start-up espère lever 6,5 millions de dollars, alors que la marijuana reste illégale au niveau fédéral aux États-Unis.
Faites des affaires, pas la guerre : la Marie-Jeanne s’apprête à entrer par la grande porte à Wall Street. MassRoots, qui se présente comme le “Facebook du cannabis”, a déposé, lundi 11 avril, un dossier auprès du gendarme de la Bourse américaine (la Security Exchange Commission ou SEC) pour être coté au Nasdaq, le prestigieux index new-yorkais des valeurs technologiques.
Ce site communautaire, créé en 2013, revendique 775 000 membres, tous consommateurs de cannabis à des fins récréatives ou thérapeutiques. Ils y échangent des conseils d’utilisation, des avis sur les produits et les revendeurs.
Fais tourner la publicité
Isaac Dietrich, PDG du MassRoots, espère que cette importante communauté intéressera les investisseurs et lui permettra de lever 6,5 millions de dollars lors de son introduction en Bourse à Wall Street. Sa société est déjà cotée sur une petite place financière secondaire (OTC Markets) depuis près d’un an.
Pour jouer dans la grande cour boursière du Nasdaq, l’homme d’affaires veut vendre à d’éventuels actionnaires une niche publicitaire sans concurrence ou presque dans la mesure où Facebook, Twitter ou encore Google ne permettent pas aux revendeurs de cannabis de faire de la publicité sur leurs sites. MassRoots, au contraire, cherche précisement à les séduire.
La légalisation à usage médical du cannabis dans 23 États américains ainsi que dans le District of Columbia (DC) a mis du beurre dans le business du joint. En 2015, les ventes légales de cannabis ont atteint 5,4 milliards de dollars, soit une hausse annuelle de 17 % d’après le fonds d’investissement ArcView Market Research. Les revendeurs qui ont pignon sur rue ont donc probablement aussi envie de promouvoir leurs produits sur des sites pour le grand public.
Le Nasdaq consentant ?
MassRoots a donc des atouts à faire valoir en Bourse…. Pour le moment, du moins, car la situation pourrait changer si la consommation de cannabis était légalisée au niveau fédéral. Dans ce cas de figure, Google, Facebook et autres pourront accepter la publicité pour ces substances en toute légalité. Un site de niche comme MassRoots pourra-t-il alors concurrencer des mastodontes qui revendiquent des centaines de millions voire plus d’un milliard d’utilisateurs ?
Isaac Dietrich a donc toutes les raisons d’être pressé de faire tourner les actions de sa plateforme au Nasdaq. Encore faut-il que la place financière accepte ce dossier qui sent le chanvre ou le souffre… MassRoots peut, en effet, être perçu comme un lobbyiste peu fréquentable qui laisse de l'espace à des publicités pour des substances illégales au niveau fédéral. Pas sûr que le Nasdaq soit prêt à donner sa caution boursière à un tel site.