Affaibli par les révélations concernant son père dans les "Panama papers", David Cameron a promis, lundi, le renforcement les mesures de lutte contre l'évasion fiscale sans dissuader l'investissement en Grande-Bretagne.
Mis en difficulté par les "Panama papers", le Premier ministre britannique, David Cameron, a contre-attaqué en présentant, lundi 11 avril, des mesures ciblant les paradis fiscaux, tandis que la tempête a poussé plusieurs responsables politiques à publier leurs déclarations de revenus.
Au cours du week-end, David Cameron, dans la tourmente depuis qu'il a été contraint d'avouer avoir détenu des parts dans la société offshore de son père, décédé en 2010, avait déjà tenté de reprendre la main en jouant la transparence sur ses impôts.
Il a publié ses avis d'imposition des six dernières années, soit depuis qu'il est à la tête du gouvernement britannique.
Le geste semble avoir provoqué une épidémie de transparence chez les responsables politiques britanniques, puisque lundi, ce sont deux de ses potentiels successeurs – son ministre des Finances, George Osborne, et le maire de Londres, Boris Johnson –, mais aussi le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui ont publié à leur tour leurs feuilles d'impôts.
S'exprimant devant le Parlement, David Cameron a, lui, annoncé un train de mesures visant à lutter contre l'évasion fiscale, mais aussi très certainement à contre-balancer l'effet désastreux dans l'opinion publique de ses révélations sur sa participation dans la société de son père, faisant sien le proverbe "la meilleure défense, c'est l'attaque".
Les dépendances de la Couronne devront partager leurs informations fiscales
Les dépendances de la Couronne – ces territoires, comme les Îles Caïmans, considérés comme des paradis fiscaux – devront désormais partager leurs informations fiscales avec les autorités britanniques, a déclaré David Cameron.
"Pour la première fois, la police et les autorités seront en mesure de voir exactement qui détient vraiment et contrôle les compagnies enregistrées sur ces territoires", a ajouté le chef de l'exécutif britannique, citant notamment les Îles Caïmans, les Iles Vierges, Jersey ou les Bermudes.
>> À voir sur France 24 : "'Panama papers' : David Cameron dans la tourmente"
Le Premier ministre, qui présidera le mois prochain, à Londres, un sommet international contre la corruption, a également annoncé vouloir légiférer pour que "les sociétés qui ne parviennent pas à empêcher leurs employés de faciliter l'évasion fiscale soient tenues pénalement responsables".
David Cameron, qui s'adressait aux parlementaires pour la première fois depuis sa confession, a à nouveau reconnu avoir fait preuve de maladresse dans sa gestion de l'affaire – il a mis plusieurs jours à admettre avoir possédé cette participation offshore,– tout en défendant la mémoire de son père, affirmant que ce dernier n'avait jamais cherché à échapper à l'impôt.
"Un cours magistral sur l'art de la diversion"
Réagissant à ces annonces, le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a dénoncé un écran de fumée destiné à détourner l'attention des révélations sur la participation passée du Premier ministre dans une société offshore.
"Il s'agit d'un cours magistral sur l'art de la diversion", a-t-il ironisé, estimant que le scandale "Panama Papers" avait donné corps à une vérité "que beaucoup ressentent de plus en plus : le fait qu'il y ait une règle pour les super riches, et une autre pour le reste du monde".
David Cameron avait déjà annoncé ce week-end la création d'un "groupe de travail" pour enquêter sur les révélations des "Panama Papers", réunissant les meilleurs experts de la lutte contre le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale et chapeauté par le service des impôts et des douanes (HMRC).
Mais le quotidien The Guardian révèle lundi que le directeur d'HMRC, Edward Troup, a été associé du cabinet Simmons & Simmons, qui a compté parmi ses clients la société offshore du père de David Cameron.
Avec AFP