Fait rare en Iran, les épouses des candidats réformateurs à la présidentielle s'impliquent dans la campagne. Zahra Rahnavard, épouse de Mir Hossein Moussavi, et Fatemeh Karoubi, femme de Mehdi Karoubi, défendent les droits des femmes.
L’Occident y est habitué, mais l’Iran a rarement assisté à un tel spectacle : voir l’épouse d’un candidat à une élection présidentielle monter sur une estrade et s’adresser à la foule.
Les Iraniens votent vendredi 12 juin pour élire leur président. Trois candidats disputent la place au président sortant Mahmoud Ahmadinejad qui brigue un second mandat.
Si les épouses des deux candidats conservateurs, l’ex-chef militaire Mohsen Rezaï et le sortant Mahmoud Ahmadinejad qui brigue un second mandat, restent discrètes, ce n’est pas le cas des femmes des deux réformateurs en lice, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi. Des féministes qui osent élever la voix.
Zahra Rahnavard, l’intellectuelle en vue
Zahra Rahnavard, l’épouse de Mir Hossein Moussavi, est très présente aux côtés de son mari.
Le couple s’est même pris la main en public, fait rare dans un pays où les marques d’affection ne sont pas chose courante en société.
Dénonçant les lois discriminantes pour les femmes, l’ancien Premier ministre Moussavi s’est engagé à les réformer, s’il est élu.
S’adressant à la foule lors d’un meeting, son épouse a, pour sa part, déclaré : "Nous devons réviser les lois qui traitent les femmes de manière inégale. Elles doivent pouvoir choisir leurs professions suivant leur mérite et accéder aux postes de décision politique."
Zahra Rahnavard n’est pas une inconnue pour la foule des meetings. Sculptrice et docteur en sciences politiques, elle fut la première femme à enseigner les arts plastiques, la seconde à diriger une université. Elle a été doyenne de la faculté féminine d’Al-Zahra, à Téhéran, jusqu’en 2005.
Véritable symbole pour toutes les militantes féministes, elle peut rallier à son mari une partie de l’électorat féminin, mais également les jeunes générations assoiffées de liberté qui n’ont pas le souvenir du Premier ministre que fut Moussavi.
"Elle est populaire chez les femmes instruites", a expliqué à l'agence Reuters Hamid Najafi, rédacteur en chef du quotidien conservateur Kayhan International. Pour lui, c’est l’une des raisons pour lesquelles " Moussavi va être un rival dangereux pour Ahmadinejad".
Fatemeh Kourabi, la passionnée de politique
Mais Zahra Rahnavard n’est pas la seule femme à avoir un rôle actif dans la campagne.
À 63 ans, Fatemeh Karoubi est la directrice de campagne de son époux - le candidat réformateur Mehdi Karoubi - pour la province de Téhéran.
"Je donne des discours et fais de mon mieux pour le soutenir. Nous croyons à la victoire. Nous voulons que la situation change", déclare-t-elle.
Selon elle, l’Iran ne respecte pas le droit des femmes. Et souligne "l’ambiguïté" d’un État qui encourage les femmes à se porter candidates aux élections, mais qui n’a finalement retenu aucune de celles - elles étaient 42 ! - qui ont soumis leurs candidatures au Conseil des gardiens de la Constitution.
L’épouse de l’ancien président du Parlement déplore aussi la situation économique du pays : "Nous sommes dans une situation très mouvementée. Nous manquons de sécurité économique, politique, individuelle et sociale."
Celle qui fut vice-ministre des Affaires sociales dans le gouvernement du président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) est aujourd’hui éditrice d'un magazine féminin, Irandokht, et à la tête d'un groupe de promotion du droit des femmes.