Une centaine de médias dont Le Monde ont dévoilé grâce aux "Panama papers" la participation de dizaines de chefs d’État et personnalités politiques à un vaste système d’évasion fiscal. Du Mexique au Cambodge, voici les plus emblématiques.
C’est un nouveau coup de tonnerre dans le monde feutré de l’évasion fiscale. Grâce à une fuite monumentale de documents de la firme Mossack Fonseca, basée au Panama, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et une centaine de médias dont Le Monde ont révélé que des dizaines de chefs d’État et personnalités avaient pris part à un système d’évasion fiscale que certains devaient pourtant combattre dans leurs fonctions.
L’ICIJ le rappelle, il ne s’agit pas de démontrer que toutes les personnes citées ont enfreint la loi mais de tenter d’établir une radiographie précise de l’étendue des liens vers les sociétés offshore.
EUROPE
Sigmundur Davíð Gunnlaugsson : Premier ministre islandais
Selon les révélations des "Panama papers", le Premier ministre islandais et son épouse, Anna Sigurlaug Pálsdóttir, détiendraient Wintris Inc., "une société écran immatriculée aux îles Vierges britanniques qui détenait près de 4 [millions de dollars] d’obligations dans trois grandes banques islandaises". Sigmundur Davíð Gunnlaugsson n’a pas mentionné sa société lors de son entrée au gouvernement islandais en 2009.
Petro Porochenko : président ukrainien
Le président ukrainien, élu en 2014, prend possession en juin de la même année de la totalité du capital de Prime Asset Partners Limited, une société créée par Mossack Fonseca dans les îles Vierges britanniques. Selon les "Panama papers", "lors de la campagne présidentielle de 2015, Petro Poroshenko s’était engagé à vendre la plupart de ses avoirs". Ils auraient en réalité tous été transférés vers Prime Assets Capital.
Jérôme Cahuzac : ancien ministre français du Budget
Jérôme Cahuzac détenait Cerman Group Limited, immatriculée aux Seychelles en 2009 et cliente de Mossack Fonseca qui met fin à sa collaboration avec la société lorsque débute en France l’enquête sur les accusations de fraude fiscale concernant l'ancien ministre du Budget.
Pamela Sharples : membre de la chambre des lords britannique
Membre à vie de la Chambre des lords britanniques, la baronne Pamela Sharples devient en 1995 "l’unique actionnaire de Nunswell Investments Limited". Immatriculée aux Bahamas, la société créée par Mossack Fonseca lui permet de faire des investissements.
Sergueï Roldouguine : ami proche de Vladimir Poutine
Sergueï Roldouguine dit de Vladimir Poutine qu’il est "presque comme son frère". Ce musicien est d’ailleurs le parrain de la fille aînée de Poutine. Il a été propriétaire des sociétés offshore Sonnette Overseas, International Media Overseas et Raytar Limited. Les deux premières ont été créées par la banque Rossiya qui serait, selon le gouvernement américain "la banque personnelle des dirigeants russes".
MOYEN ORIENT
Salmane ben Abdelaziz Al Saoud : roi d’Arabie saoudite
Arrivé sur le trône en 2015, le roi Salmane est, selon les documents de Mossack Fonseca, lié à la société luxembourgeoise Safason Corporation SPF S.A., "actionnaire de Verse Development Corporation, créée dans les îles Vierges britanniques en 1999, et d’Inrow Corporation, créée en 2002. "Toutes deux ont contracté des prêts de plusieurs millions de dollars pour acheter de l’immobilier dans le centre de Londres.
Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz Al-Saoud : prince héritier d’Arabie saoudite
Le 1er octobre 2007, la banque suisse UBS achète à Mossack Fonseca deux sociétés panaméennes, Alyneth Limited et Havelock Capital Corporation. UBS ouvre des comptes bancaires pour les deux sociétés. Dès le lendemain, Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz Al-Saoud, ministre de l’Intérieur saoudien et chef de la lutte contre le terrorisme, est désigné mandataire des sociétés et de leurs comptes bancaires.
Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane : président des Émirats arabes unis
Le président des Émirats arabes unis et émir d’Abou Dabi aurait acquis des propriétés dans les quartiers chics de Londres grâce à une trentaine de sociétés créées dans les îles Vierges britanniques par Mossack Fonseca. Jusqu’en 2007, la firme a fourni au dirigeant des sociétés qui ont servi d’administrateurs et d’actionnaires prête-noms au sein de ses sociétés dans les îles Vierges.
ASIE
Deng Jiagui : beau-frère de Xi Jingping, président chinois
Deng Jiagui est devenu en 2009 administrateur et actionnaire unique de deux sociétés "inactives" immatriculées aux îles Vierges britanniques, Best Effect Enterprises Ltd et Wealth Ming International Limited. Mossack Fonseca l’a aidé à obtenir un sceau (objet utilisé pour valider des documents à la place des signatures) pour Best Effect Enterprises. Xi Jingping avait promis de s’attaquer à la corruption en Chine.
Ang Vong Vathana : ministre cambodgien de la Justice
Ang Vong Vathana est ministre de la Justice depuis trois ans lorsqu’il devient en mai 2007 l’un des cinq actionnaires de RCD International Limited, société immatriculée dans les îles Vierges britanniques.
Mehriban, Leyla, Arzu, Heydar et Sevil Aliyev : famille d’Ilham Aliyev, président d’Azerbaïdjan
Mehriban Aliyeva, la femme du président Azerbaïdjanais, a été désignée en 2005 co-gérante de la fondation UF Universe Foundation, immatriculée au Panama en 2003. La même année, une proposition complexe soumise à Mossack Fonseca évoque la possibilité que UF Universe Foundation contrôle AtaHolding, un vaste conglomérat azéri. Les bénéficiaires seraient alors les enfants d’Ilham Aliyev. On ne sait pas si la proposition a été acceptée ou refusée.
AMÉRIQUE LATINE
Mauricio Macri : président argentin
Le père et le frère de Mauricio Macri ont été administrateurs de Fleg Trading Ltd, une société immatriculée aux Bahamas en 1998 et dissoute en janvier 2009. Ancien maire de Buenos Aires, il n’avait pourtant pas indiqué ses liens avec la société lors de ses déclarations de patrimoine en 2007 et 2008.
Juan Armando Hinojosa : "Fournisseur préféré" du président mexicain Enrique Peña Nieto
Au printemps et à l’été 2015, Juan Armando Hinojosa a créé, avec l’aide de Mossack Fonseca, trois trusts pour prendre possession de comptes détenus dans des banques, dont la valeur totale s’élevait à environ 100 millions de dollars. Il en était le principal bénéficiaire.
AFRIQUE
Clive Khulubuse Zuma : neveu du président sud-africain Jacob Zuma
Autorisé à représenter Caprikat Limited, l’une des deux sociétés offshore ayant fait l’acquisition controversée de gisements de pétrole en République démocratique du Congo, Clive Khulubuse Zuma doit faire face à des accusations de contrats pétroliers douteux.
Alaa Moubarak : fils d’Hosni Moubarak, ancien président égyptien
Le fils de l’ancien raïs égyptien a été propriétaire de Pan World Investments Inc., société immatriculée aux îles Vierges britanniques et gérée par Crédit Suisse. Conformément à une décision européenne, les autorités des îles Vierges demandent à Mossack Fonseca de geler les avoirs de Pan World à la suite de la révolution de 2011 et de l’arrestation d’Hosni Moubarak et de ses fils.
Mounir Majidi : secrétaire particulier du roi du Maroc
Mounir Majidi a été désigné en mars 2006 mandataire de SMCD Limited, société immatriculée aux îles Vierges britanniques l’année précédente. Elle a autorisé l’achat d’une goélette de luxe Aquarius W. Mounir Majidi s’est chargé de la transaction. Le navire a ensuite été immatriculé au Maroc et rebaptisé El Boughaz I. Il est désormais la propriété du roi du Maroc.
Mamadie Touré : veuve de l’ancien dictateur guinéen
Mamadie Touré est accusée de s’être servie d’une société offshore pour obtenir un marché minier. En 2006, elle prend les commandes de Matinda Partners and Co. Ltd, une société immatriculée aux îles Vierges britanniques. Moyennant 5,3 millions de dollars, elle accepte de faire attribuer une concession minière convoitée par son mari à une compagnie dont elle s’est rapprochée.
Abdeslam Bouchouareb : député et ministre algérien des Mines en Algérie
Abdeslam Bouchouareb est propriétaire de la société panaméenne Royal Arrival Corp qu’il dirigeait par le biais d’une société luxembourgeoise baptisée Compagnie d’Étude et de Conseil (CEC). Selon cette entreprise, les activités de Royal Arrival Corp. couvriraient la représentation et la négociation commerciales, les contrats commerciaux, les travaux publics et le transport ferroviaire et maritime, en Turquie, au Royaume-Uni et en Algérie.