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Le coup d'envoi du Forum pour la réconciliation au Mali a été donné lundi à Kidal, sans que le gouvernement ne soit représenté. Les autorités de Bamako accusent la rébellion, qui contrôle une partie du nord du pays, de pas avoir tenu ses engagements.

Le Forum pour la réconciliation au Mali s’est ouvert, lundi 28 mars, en l'absence du gouvernement de Bamako et des groupes armés qui soutiennent le pouvoir, a-t-on appris auprès des ex-rebelles et de sources gouvernementales. Initialement prévue dimanche, la rencontre, qui se tient à Kidal, ville du Nord contrôlée par des groupes rebelles, avait déjà été reportée d’une journée.

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) a toutefois maintenu le Forum. "Ce n’est que deux ou trois jours avant l’ouverture que le gouvernement nous a saisis au téléphone pour nous demander un report. Ce qui, au vu de l’avancement de l’organisation, était pratiquement impossible", a déclaré à France 24 Almou Ag Mohamed, l'un des porte-parole de la CMA. Dans un communiqué, le groupe a appelé "le gouvernement à revoir sa position et se joindre aux parties prenantes pour la réussite de ce grand rendez-vous de la paix".

Une "petite rencontre entre gens de la CMA"

"Les engagements pris par les rebelles n'ont pas été respectés", a de son côté affirmé à l’AFP une source gouvernementale pour expliquer le désistement de Bamako. D'après les recoupements de l'AFP, le gouvernement malien déplore que les ex-rebelles n’aient pas accepté que l'armée régulière soit symboliquement présente à Kidal pour accueillir les représentants gouvernementaux.

>> À (re)voir sur France 24 : "Reportage exclusif à Kidal, toujours aux mains de groupes armés"

"C'est vrai que la ville de Kidal est sous le contrôle des rebelles mais pour nous, il est impensable d'aller à Kidal comme si nous allions dans un pays autre que le Mali. Les rebelles n'ont pas respecté leurs engagements", a déclaré à l'AFP la même source gouvernementale. "Les rebelles roulent encore une fois tout le monde dans la farine, après avoir obtenu du gouvernement le financement de la rencontre", a indiqué une autre source gouvernementale.

Les groupes armés pro-gouvernementaux, notamment présents à Kidal, et réunis au sein du Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), ont également annoncé qu'ils ne participeraient pas au forum. "Nous avons dit que tout le monde doit participer. Si c'est une seule partie qui participe, ce n'est plus le forum. Le Gatia ne sera plus à ce forum qui devient ‘une petite rencontre’ entre les gens de la CMA", a déclaré à l'AFP Oumar Ould Mohamed Hamed, membre du Gatia.

Un nouveau Forum en avril ?

Plusieurs diplomates à Bamako ont déclaré qu'ils n'assisteraient pas à cette réunion à cause de l'absence du gouvernement et des groupes pro-Bamako. "Nous voyons comment on pourra organiser le vrai forum au mois d'avril avec la participation de tout le monde", avait déclaré vendredi à la presse un membre du comité de suivi de l'accord d'Alger.

Le gouvernement malien et les groupes qui le soutiennent ont signé avec l'ex-rébellion en mai et juin 2015 un accord pour la paix dans le nord du Mali. Cette région était tombée en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

Ces jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée à l'initiative de la France en janvier 2013 et qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature de l'accord de paix, destiné à isoler définitivement les jihadistes.

Avec AFP
 

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