Moins d'une semaine après le discours de Barack Obama à La Havane, Fidel Castro a réaffirmé, dans un texte publié dimanche dans la presse cubaine, que l'île "n'oublierait pas ses confrontations passées avec les États-Unis".
Le titre courtois "Frère Obama" tranche avec le ton sarcastique du reste de la lettre écrite par Fidel Castro et publiée, dimanche 27 mars, dans le quotidien national cubain Granma. L'ancien dirigeant, qui fait part régulièrement de ses réflexions sur des faits d'actualité depuis son retrait du pouvoir en 2008, a raillé le "discours mielleux" prononcé mercredi 23 mars dans le grand théâtre Alicia-Alonso par Barack Obama. Le président américain avait appelé à "enterrer les derniers vestiges" de la guerre froide sur le continent américain et à "oublier le passé, regarder vers l'avenir ensemble, un avenir plein d'espoir".
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"Chacun de nous a frôlé l'infarctus en écoutant ses paroles", a ironisé l'ex-dirigeant cubain, avant de rappeler une longue liste de contentieux passés et persistants entre les deux pays malgré le rapprochement historique amorcé fin 2014. Lors de son discours retransmis en direct à la télévision, Barack Obama s'était lancé dans un plaidoyer en faveur des libertés publiques et la démocratie sur l'île, tout en se défendant de vouloir "imposer des changements à Cuba", sucitant un vent de sympathie et d'espoir parmi les Cubains venus en masse pour l'écouter.
"Nous n'avons pas besoin que l'empire nous fasse de cadeau"
"Ma modeste suggestion est qu'il réfléchisse et qu'il n'essaie pas d'élaborer les théories sur la politique cubaine", a rétorqué Fidel Castro rappelant la jeunesse de Barack Obama, né en 1961, soit au plus fort des tensions entre La Havane et Washington. "Que personne ne se fasse d'illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle acquise par le développement de l'éducation, la science et la culture", a-t-il encore prévenu.
"Nous sommes capables de produire des aliments et les richesses matérielles, dont nous avons besoin grâce aux efforts et à l'intelligence de notre peuple. Nous n'avons pas besoin que l'empire nous fasse cadeau", a écrit le père de la révolution cubaine, 89 ans, bien que Cuba importe plus de 80 % des aliments de première nécessité.
Fidel Castro, qui n’a pas fait d’apparition publique depuis juillet 2015, ne s’est jamais ouvertement opposé au rapprochement avec les États-Unis, conduit par son frère Raul. Après l’annonce du rapprochement, fin 2014, il avait attendu un mois et demi pour approuver mollement cette initiative, et avait réaffirmé sa méfiance à l’égard de son vieil ennemi de la guerre froide.
Avec AFP