
Une foule d'un demi-million de personnes a assisté au concert historique des Rolling Stones à La Havane vendredi. Ce show exceptionnel a marqué le retour du rock à Cuba, où il fut longtemps banni.
Les Rolling Stones ont soulevé vendredi 25 mars une foule d'un demi-million de personnes dans la capitale cubaine, à La Havane, pour un concert historique qui a consacré en grande pompe le retour du rock dans le pays communiste, où il fut autrefois banni.
"Nous savons qu'il fut un temps où il était difficile d'écouter notre musique à Cuba, mais nous sommes ici (...) Je pense que finalement les temps changent, n'est-ce pas ?", a interpellé Mick Jagger en espagnol, à l'ouverture de ce show gratuit sans précédent dans la Ciudad deportiva (centre sportif) de la Havane.
Devant un public conquis d'emblée, les inoxydables papys du rock ont d'abord déballé l'artillerie lourde, avec le remuant "Jumpin' Jack Flash", avant d'enchaîner avec l'hymne "It's Only Rock'n Roll" ("C'est juste du rock'n roll"), comme pour rassurer les autorités cubaines sur cette musique autrefois considérée comme l'instrument de l'impérialisme américain.
"Il y a beaucoup de changements et d'autres vont suivre"
Accompagné de ses compères Keith Richards, Ronnie Wood, Charlie Watts, et par le bassiste Darryl Jones, Mick Jagger a déroulé 18 des plus grands classiques du groupe tels que "Sympathy for the Devil", "Angie", "Paint it Black" et le très attendu "Satisfaction" pour conclure.
"C'est fantastique ! Et quand ces rockeurs anglais parlent espagnol pour le peuple cubain c'est encore meilleur. Il y a beaucoup de changements et d'autres vont suivre", s'emportait Marben Mora, 30 ans, trois jours après la visite historique du président américain Barack Obama.
Couples d'âge mûr, familles, touristes et beaucoup de jeunes : une foule hétéroclite s'était massée dans la Ciudad deportiva, enceinte située près du centre-ville, qui était déjà aux trois quarts pleine plusieurs heures avant l'arrivée des Britanniques sur scène.
Musique à un kilomètre à la ronde
La fête fut totale et aucun incident notable n'a été relevé par les autorités, qui avaient placé l'événement sous la garde de nombreux policiers en uniforme et en civil. Des milliers de retardataires sont restés bloqués dans les rues alentour, mais ils ont tout de même pu profiter des pépites jouées par le groupe, clairement audibles plus d'un kilomètre à la ronde. D'ailleurs, les toits du quartier environnant la Cuidad deportiva étaient remplis de curieux profitant d'un point de vue exceptionnel sur le site.
Une scène de 80 mètres de long et sept écrans géants avaient été installés dans le centre sportif, complexe inauguré avant la révolution castriste de 1959, point de départ du bannissement de la musique rock à Cuba. Il a fallu une soixantaine de conteneurs pour acheminer les structures de la scène, les projecteurs, les murs d'enceintes, les écrans géants, pour une masse totale d'un demi-millier de tonnes, selon le directeur de production du show, Dale Skjerseth. "La scène nous a surpris. On n'avait jamais vu une telle technologie ici (..) Tout est en train de changer, (ce concert) signifie que tout est en train de changer", assurait Leonardo Perez, chauffeur de taxi de 56 ans.
Ce show exceptionnel a été ajouté in extremis à la tournée "America Latina Olé" des Londoniens, dont la musique rock, perçue comme un symbole de l'impérialisme, a longtemps été bannie à Cuba. Le concert clôt une semaine riche en symboles à La Havane, avec la venue de Barack Obama en visite officielle, de dimanche à mardi, la première d'un président des États-Unis en 88 ans.
Avec AFP et Reuters