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Raul Castro nie l’existence de prisonniers politiques à Cuba

Lors d’une conférence de presse lundi aux côtés du président Obama, le chef de l’État cubain, Raul Castro, peu habitué à l’exercice, a réfuté l’existence de prisonniers politiques sur son île devant les journalistes.

C’est une saynète singulière qui, si elle ne visait pas des hommes et des femmes emprisonnés pour leurs opinions politiques, pourrait faire rire. À l’occasion d’une conférence de presse historique avec Barack Obama, lundi 21 mars, le président cubain, Raul Castro, s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les journalistes présents dans la salle - exercice auquel, visiblement, le chef de l’État communiste n’a pas l’habitude de se prêter.

À la question du journaliste américain Jim Acosta de CNN qui lui demandait pourquoi il y avait des prisonniers politiques sur l’île de Cuba, le président cubain a vivement réagi. "S'il y a des prisonniers politiques ? Donnez-moi la liste ! Si vous donnez une liste, je les libère avant ce soir !", a-t-il déclaré, dans un premier temps, passablement irrité.

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Puis, les questions s’enchaînent. Raul Castro passe à d'autres sujets, il vante les bienfaits du communisme dans son pays : l’accès à la santé, à l’éducation, l’égalité salariale entre homme et femme. Il se défend surtout de ne pas respecter les droits de l’homme à Cuba. "Donnez-moi le nom d'un seul pays qui respecte les 61 droits humains et civiques ! Il n’y en a aucun", a-t-il déclaré. "Cuba en respecte 47, certains en respectent plus et d'autres moins. On ne peut pas politiser la question des droits de l'homme, ce n'est pas correct".

C'est alors que Raul Castro revient à la charge sur les prisonniers politiques. Après plusieurs dizaines de minutes d'échange avec la presse, on le sent toujours irrité par la question du journaliste de CNN. Il ne cesse de remettre son casque (de traduction), fait de grands gestes. La conférence de presse touche à sa fin lorsque le président cubain lance une dernière pique à l’encontre des journalistes : "Donnez-moi le nom d’un seul prisonnier politique !" Le moment est inédit : des dizaines de mains se lèvent dans l’assemblée. Raul Castro lève à son tour les bras au ciel. "C’est terminé !".

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La Commission cubaine des droits de l'Homme (CCDH), organisation interdite mais tolérée par les autorités, dénombrait fin 2015 près de 70 prisonniers détenus pour motifs politiques à Cuba, un chiffre non confirmé par les grandes organisations de défense des droits de l'homme telles qu'Amnesty international.

Barack Obama est arrivé dimanche 20 mars à La Havane pour une visite historique destinée à consolider le rapprochement entre les États-Unis et Cuba. C'est la première fois qu'un président américian en exercice foule le sol cubain depuis 88 ans.