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Des négociations indirectes entre le régime syrien et l'opposition s'ouvrent lundi à Genève pour tenter de mettre fin à une guerre de tout juste 5 ans. L'émissaire spécial de l'ONU affiche une grande fermeté vis-à-vis des partis en présence.
Régime syrien et opposition sont à Genève lundi 14 mars pour de nouvelles négociations indirectes. Objectif : tenter de mettre fin à la guerre en Syrie qui entre dans sa sixème année et a causé la mort de plus de 270 000 personnes, et poussé plus de la moitié de la population à quitter son foyer. Les pourparlers s'annoncent toutefois ardues : aucune des parties n'étant prête à faire le moindre compromis, notamment sur une question cruciale : l'avenir du président Bachar al Assad.
Preuve que le gouvernement syrien se voit en position de force, le ministre des Affaires étrangères, Walid al Mouallem, a souligné samedi que l'opposition se faisait des "illusions" si elle pensait pouvoir mettre sur la table à Genève l'avenir du président Assad.
Le Haut Conseil des négociations (HCN), principale coalition de l'opposition, a aussitôt accusé Damas de torpiller ainsi les discussions avant même qu'elles n'aient commencé.
Dénonçant la "provocation" dans les déclarations de Damas, Washington et Paris ont appelé dimanche à de "vraies" négociations, accusant Damas d'essayer de "faire dérailler le processus" en voulant exclure des discussions le sort du président Bachar al-Assad dont l'opposition et ses alliés réclament le départ.
Un "moment de vérité"
À Genève, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré dimanche soir qu'il n'y avait pas encore d'accord sur l'ordre du jour, après avoir rencontré les délégations de l'opposition et du régime lors de "réunions informelles". L'émissaire ajoutait qu'il s'agissait d'un "moment de vérité", insistant sur le fait que le "seul plan B serait un retour à la guerre". De Mistura prévient en outre que s'il n'observait pas de volonté de négocier, il renverrait le dossier syrien devant le conseil de sécurité de l'ONU.
Les pourparlers, organisées sous l'égide des Nations Unies avec le soutien des États-Unis et de la Russie, constituent la vraie première tentative diplomatique de mettre un terme au conflit depuis que Moscou a lancé en septembre sa campagne de frappes aériennes dans le pays, intervention qui a remis les forces gouvernementales en selle sur le champ de bataille.
Importance de la trêve
Au moment où le conflit syrien devrait entrer cette semaine dans sa sixième année, les États occidentaux semblent plus déterminés qu'auparavant à mettre un terme à une guerre qui a conduit des centaines de milliers de réfugiés à fuir vers l'Europe, tout en donnant lieu à la montée en puissance de l'État islamique (EI).
Si la récente coopération entre les États-Unis et la Russie a permis à la fois de diminuer le niveau de violence ces dernières semaines, à la faveur notamment d'un accord de cessation des hostilités entré en vigueur le 27 février, et d'ouvrir la voie aux discussions prévues à Genève, les positions du gouvernement et de l'opposition semblent laisser peu de place à un réglement négocié.Les discussions qui se sont ouvertes à Genève se tiennent donc dans un contexte radicalement différent en raison de cette trêve.
Européens et Américains ont de nouveau insisté dimanche à Paris sur l'importance du respect de ce cessez-le-feu et sur l'acheminement de l'aide humanitaire pour garantir des négociations "crédibles". "Toute violation, même sporadique, de la cessation des hostilités, met en danger le processus", a souligné le secrétaire d'État américain, John Kerry, appelant une nouvelle fois les alliés russe et iranien de Damas à user de leur influence pour faire respecter la trêve.
Reste que même en cas d'accord entre rebelles et régime à Genève sur une transition, les combats risquent de se poursuivre en Syrie alors que les jihadistes du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda et du groupe EI contrôlent plus de la moitié du territoire et sont exclus de la trêve en vigueur.
Avec AFP et REUTERS