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Impliqué dans l’affaire Air cocaïne, Christophe Naudin a été extradé vers la République dominicaine où il est arrivé vendredi. Si les raisons de son implication dans l’affaire restent floues pour les enquêteurs, ses proches ne s’en étonnent pas.

Il était le visage de l’expertise en sûreté aérienne. Sur les plateaux de télévision comme dans les aéroports du monde entier, Christophe Naudin, 52 ans, était consulté pour sa spécialité.

C’était donc tout naturellement lui que les avocats des pilotes Bruno Odos et Pascal Fauret, arrêtés le 20 mars 2013 sur l'aéroport de Punta Cana avec 680 kg de cocaïne à bord de leur Falcon 50, avaient sollicité pour témoigner en faveur de leurs clients.

Aux autorités dominicaines, Christophe Naudin, pilote militaire de formation, reconverti pour raisons de santé, avait expliqué que, selon la réglementation internationale, les pilotes n'ont pas à contrôler les bagages de leurs passagers.

Tout aurait pu s'arrêter là. Mais la vie de ce père de deux grands enfants a basculé lorsqu’il a décidé d’en faire plus pour aider les deux pilotes, des anciens de l'Aéronavale comme lui. Il s’engage fin octobre 2015 alors dans une opération clandestine pour les ramener en France.

Peu de temps après, Christophe Naudin reconnaît à demi-mots sur RTL sa participation à l'opération, expliquant avoir "fait le travail de l'État". Son témoignage sert aujourd'hui de base aux accusations de la justice dominicaine.

"Ça ne m’a pas tellement surpris"

"Il était convaincu de leur innocence et profondément choqué par le fonctionnement de la justice dominicaine", raconte Michèle, sa femme depuis 25 ans. "Ça ne m'a pas totalement surpris parce qu'il a une personnalité qui l'amène à s'engager pour des causes qu'il trouve justes. Je l'ai déjà vu s'investir pour des victimes d'usurpation d'identité", ajoute-t-elle, précisant qu’il "n'avait jamais fait ce genre d'opération, avec un tel engagement..."

Christophe Lekieffre, conseiller parlementaire (UDI) et ami de quinze ans qui mène aujourd'hui son comité de soutien lui reconnaît "un côté chevaleresque" mais tout le monde n’est pas du même avis. Pour l’un de ses confrères universitaires, libérér les deux pilotes "n’[était] pas son rôle".

Pour beaucoup, c’est son intervention précipitée pour rendre publique son action qui paraît choquante. Christophe Lekieffre, lui, estime qu’il n’avait pas le choix : "Alors que les pilotes n'étaient pas encore rentrés en France, des journalistes appelaient en disant ‘On a des photos sur un bateau, il y a Christophe Naudin’. Et dans les médias, c'est : ‘Des barbouzes du Front national ont organisé l'exfiltration’. Christophe dit : ‘Je ne suis pas au FN, je ne suis pas un barbouze’ et il va expliquer aux médias ce qui s'est passé".

Certains membres de l'opération sont en effet liés au FN, comme le député européen Aymeric Chauprade et Pierre Malinowski,qui était alors attaché parlementaire de Chauprade et Jean-Marie Le Pen. Naudin est "très attaché à son pays mais profondément républicain" et "plutôt centriste", assure sa femme.

Son expertise l'avait mené dernièrement en mission à l'aéroport du Caire, dans un pays que ce passionné d'égyptologie affectionne. Mais qui l'a extradé en République dominicaine où il doit désormais affronter la justice qu'il a bravée.

Avec AFP