Le cheikh Salman, candidat à la présidence de la Fifa, est accusé par plusieurs ONG d'avoir participé à la répression au Bahreïn en 2011. Pour RSF, son élection serait "inacceptable". L'issue du scrutin est attendue vendredi.
Alors qu’il pourrait être élu à la présidence de la Fifa, vendredi 26 février, plusieurs ONG accusent le Bahreïni cheikh Salman Ben Ibrahim Al-Khalifa d’avoir joué un rôle dans la répression des soulèvements démocratiques dans son pays en 2011. Membre de la famille royale du Bahreïn et président de la Confédération asiatique de football (AFC), il est l'un des deux favoris pour remplacer Sepp Blatter à la tête de la Fédération internationale de football, avec l'Italo-Suisse Gianni Infantino.
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L’Institut bahreïnien pour les droits et la démocratie (BIRD), basé à Londres, avait dénoncé l’implication de cheikh dans l’arrestation de joueurs, alors qu’il était à la tête de la Fédération de football de Bahreïn, et ce, dès l’annonce de sa candidature en novembre. L’ONG a transmis à la Fifa un dossier dans lequel elle liste les dérives anti-démocratiques du candidat. Arrestations, harcèlement, torture et sanctions prises contre plusieurs clubs sont ainsi recensés.
Dans son communiqué, BIRD s’étonnait de constater que cheikh Salman, qui récuse toutes ces accusations, avait pu, malgré un tel bilan, passer sans le moindre problème la procédure de la Fifa visant à vérifier son intégrité. L'ONG a par ailleurs transmis un courrier, en janvier 2016, aux principaux sponsors de la Fifa pour les enjoindre de faire pression sur l’instance dirigeante du football mondial contre l'élection du candidat bahreïnien.
"Le cheikh Salman incarne un régime qui a réprimé les journalistes"
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a également mis en garde contre l’élection de cheikh Salman, jugeant que le Bahreïni incarnait "un régime qui a réprimé les journalistes pendant des années". Dans un communiqué, l'organisation de défense de la liberté de la presse "demande aux votants de ne pas accorder leur voix" au cheikh Salman.
"Il est inacceptable que le Cheikh Salman devienne le plus haut représentant du football mondial", a estimé Christian Mihr, directeur exécutif de RSF à Berlin. "En tant que membre de la famille royale, le cheikh Salman incarne un régime qui a réprimé les journalistes et les blogueurs critiques du royaume pendant des années. Sa candidature est une tentative évidente du Bahreïn d'exploiter le domaine sportif afin d'enjoliver l'image du pays", a ajouté ce responsable de RSF.
L'ONG estime que depuis le début des manifestations en février 2011, le Bahreïn continue de réprimer les journalistes, "régulièrement victimes d'accusations fallacieuses, et condamnés parfois à de très longues peines de prison pour avoir simplement couvert des manifestations ou avoir enquêté sur des scandales".
"Au moins 14 journalistes, professionnels ou non, demeurent à ce jour emprisonnés au Bahreïn, pour avoir exercé leur profession", assure l'organisation, qui souligne que "le pays figure à la 163e place (sur 180) du classement 2015 sur la liberté de la presse."
Avec AFP