
Lors du plus grand rendez-vous de l'industrie musicale des États-Unis, lundi, la chanteuse Taylor Swift a remporté pour la seconde fois le prix du meilleur album de l'année. Le rappeur Kendrick Lamar a raflé, lui, cinq Grammys.
Taylor Swift est devenue, lundi 15 février, la première femme à remporter pour la deuxième fois le Grammy du meilleur album, mais c'est Kendrick Lamar, son rival et ami, qui, en empochant cinq prix, a électrisé le public et donné la performance la plus incendiaire de la soirée.
Le producteur anglais Mark Ronson et le chanteur Bruno Mars ont quant à eux été sacrés meilleur enregistrement de l'année grâce à leur tube planétaire endiablé "Uptown Funk".
Taylor Swift a remporté le prix le plus prestigieux des Grammy Awards pour "1989", référence à son année de naissance, après l'avoir déjà emporté en 2010 pour "Fearless"."1989", collection de tubes entêtants comme "Blank Space", "Shake It Off" ou "Bad Blood", servis par des vidéos léchées, évoque des jeux amoureux, des rencontres sans lendemain, et des relations qui s'enveniment.
Mark Ronson, qui remporte le deuxième prix le plus prisé de la soirée avec le chanteur Bruno Mars, a expliqué aux journalistes qu'"Uptown Funk" est né lors d'une improvisation en studio. "Bruno a sorti cette phrase 'Michelle Pfeiffer in her white gold', et on s'est dit : 'Tiens, c'est pas mal'!’", a ajouté le Britannique qui a aussi gagné le trophée du meilleur duo pop.
Le grand gagnant de la soirée, Kendrick Lamar, a lui empoché cinq Grammys, dont le meilleur album rap. Il a enflammé le Staples Center de Los Angeles avec une performance viscérale.
Dénonciation des violences
Dans un décor de prison, avec un faux œil au beurre noir, il était entouré de danseurs qui brisent menottes et entraves et se lancent dans une chorégraphie évoquant les violences contre les Noirs aux États-Unis.
Le rappeur de 28 ans a enchaîné sur "Alright", titre devenu l'hymne non-officiel du mouvement protestataire Black Lives Matter, cette fois au milieu d'un ensemble chorégraphique de danse africaine, devant un gigantesque brasier.
Son album "To Pimp a Butterfly", qui mêle textes personnels sur les relations raciales, rap et expérimentations jazz, a été encensé par la critique.
L'hommage de Lady Gaga et de Johnny Depp
L'hommage de Lady Gaga au dieu du rock David Bowie, décédé le mois dernier, fut un autre temps fort de la soirée.
Avec des cheveux oranges, un maquillage coloré et des effets lumineux sur son visage et sa combinaison blanche, elle a chanté sur "Let's Dance", "Rebel, Rebel", entre autres.
Johnny Depp a quant à lui enfilé sa guitare pour un hommage à un autre défunt, Lemmy du groupe de hard rock Motörhead, aux côtés d'Alice Cooper.
Quant à Stevie Wonder, il a conquis le public en menant a capella une performance en mémoire de feu Maurice White, d'Earth Wind and Fire, tout en appelant à donner accès à tout aux personnes souffrant d'un handicap.
Spotify dans le viseur
Tandis que les plus gros prix ont consacré des artistes très commerciaux, le site de streaming Spotify, accusé de ne pas rémunérer assez les artistes, a été critiqué lors de la soirée.
"Cela pourrait vous surprendre d'apprendre que quand vous écoutez une chanson en flux (streaming) tous les gens qui ont créé collectivement la chanson récoltent une petite fraction d'un centime. Est-ce qu'une chanson ne vaut pas plus ?", a interrogé le rappeur Common.
Interrogée par des journalistes sur le même thème, la chanteuse du groupe Alabama Shakes, lauréat de trois Grammys en rock et musique alternative, a abondé en son sens : "Pourquoi ne serait-on pas payé pour quelque chose sur lequel on a travaillé dur ?".
Parmi les autres vainqueurs de la nuit, l'auteur-compositeur britannique Ed Sheeran a remporté le Grammy de la chanson de l'année pour "Thinking Out Loud", et Meghan Trainor a été sacrée révélation de l'année.
L'étoile montante canadienne The Weeknd a été récompensé deux fois tout comme la star de R&B D'Angelo.
Le chanteur Lionel Richie a vu sa carrière saluée. La mégastar Rihanna a quant à elle déclaré forfait pour cause de cordes vocales enflammées.
Avec AFP