
Après plus de dix ans de bataille juridique avec l'American Civil Liberties Union, le Pentagone a publié, vendredi, près de 200 photos de sévices infligés par des soldats américains entre 2004 et 2006 à des prisonniers en Irak et en Afghanistan.
Après douze ans de bataille juridique, le Pentagone a été contraint de diffuser, vendredi 5 février, des photos de sévices infligés par des militaires américains en Irak et en Afghanistan à des prisonniers au début des années 2000.
Visibles sur le site Internet du Pentagone, les 198 clichés montrent pour la plupart des gros plans de lésions ou des contusions sur les prisonniers. Ils ont été récupérés dans le cadre d’enquêtes pénales concernant 56 cas présumés de mauvais traitements infligés par des militaires américains. Sur ces 56 cas, 14 ont été considérés comme des abus. Les quarante-deux autres ont été déclarés comme invalides.
Selon un porte-parole du Pentagone, au moins une de ces investigations officielles a conduit à une condamnation à la prison à vie et 65 personnes ont été sanctionnées. Aucun autre détail n’a été révélé sur ces clichés.
Une sélection des photos
C’est l’American Civil Liberties Union (ACLU) qui est derrière cette publication. L’organisation a engagé une procédure en 2004 pour l’obtention et la publication de 2 000 clichés de torture et de mauvais traitements dans le cadre de la loi sur la liberté de l’information.
L'Aclu a d’ailleurs déploré vendredi 5 février que les autorités américaines n'aient publié qu'une petite partie des photos en leur possession. "Ces images choisies risquent de tromper le public sur l'étendue réelle des abus", a dénoncé Jameel Jaffer, directeur adjoint des affaires juridiques de l'ONG.
"Elles illustrent juste une petite partie" de la "torture pratiquée par le gouvernement américain", a renchéri de son côté, dans un communiqué, Naureen Shah d'Amnesty international. La torture "n'était pas juste le fait de quelques moutons noirs, elle était systémique et ordonnée par les plus hauts niveaux du gouvernement", a-t-elle poursuivi.
Un rappel d’Abou Ghraib
Si elles dérangeantes, les photos diffusés sont moins beaucoup moins dramatiques que les clichés pris dans la prison d'Abou Ghraib, située à 20 kilomètres de Bagdad, en Irak. Sur les images, on pouvait voir des pyramides de détenus nus, des prisonniers tenus en laisse, menacés par des chiens ou contraints de se masturber. Au moment de leur publication en 2004, elles avaient provoqué un scandale international.
>> Sur France 24 : "Les agents de la CIA qui ont pratiqué la torture ne sont pas punis"
Onze militaires américains ont été condamnés en cour martiale à la suite des révélations sur les sévices à Abou Ghraib, dont Lynndie England. Celle-ci était devenue célèbre mondialement pour des images la montrant devant des détenus entravés, menacés par des chiens ou entassés les uns sur les autres. Elle avait été condamnée à trois ans de prison et radiée de l'armée.
Avec AFP