Appuyés par l'aviation russe, l'armée syrienne et ses alliés ont coupé la route d'approvisionnement des rebelles au nord d'Alep. Dans le même temps à Genève, les négociations de paix ont été reportée au 25 février.
Cela faisait plus d'un an qu'ils essayaient sans succès. L'armée syrienne et ses alliés ont coupé mercredi 3 février la route d'approvisionnement des rebelles au nord d'Alep. Appelée route d'Azaz, du nom d'une ville frontalière de la Turquie, elle était la principale voie par laquelle transitait, hommes, armes et vivres, depuis le territoire turc, vers les zones rebelles.
Les troupes du régime ont également brisé le siège imposé depuis plus de trois ans par les rebelles islamistes aux localités de Nebbol et Zahra, sur leur chemin en direction de la ville d'Alep, a affirmé la source militaire présente sur le front.
Soutien russe
Il s'agit de la plus importante avancée des troupes du régime dans la province du même nom depuis 2012. À la différence des précédentes tentatives menées par les forces loyalistes, elles étaient cette fois appuyées par l'aviation russe. Wassim Nasr, journaliste à France 24, spécialiste des mouvements jihadistes, relève ainsi que les forces de Bachar al-Assad bénéficient dans cette bataille "d’armes et de chars dernier cri, fournis par la Russie, sans oublier le soutien incessant de la Russie depuis plusieurs mois", qu'il qualifie de "tapis de bombes contre les zones rebelles".
Moscou, fidèle allié du régime de Damas, intervient militairement depuis fin septembre en Syrie, officiellement contre des cibles "terroristes". Ses bombardements ont permis de "renverser la situation" au profit du régime, a reconnu récemment le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov.
Cela faisait déjà plusieurs jours que des combats extrêmement violents faisaient rage autour d'Alep. Un commandant rebelle cité par Reuters a ainsi annoncé mardi le déploiement de renforts, dont des missiles antichar TOW de conception américaine, l'arme la plus efficace de la rébellion syrienne fournie dans le cadre d'un programme supervisé par la CIA, en vue de ce qu'il a qualifié de "bataille décisive".
Les négociations à Genève dans l'impasse
Avec cette avancée du régime, "le nord d’Alep est coupé des autres zones rebelles, et en particulier d’Idleb", située non loin de là, au sud-est, analyse Wassim Nasr. "Sachant que les forces syriennes progressent également en direction d'Idleb du côté de Lattaquié, sur le littoral syrien, il s'agit vraiment d'un encerclement des zones rebelles qui aura des conséquences lourdes pour ces derniers : tout le sud d'Alep sera coupé des routes d'approvisionnement. Cela risque d'asphyxier la rébellion et de la pousser à la radicalisation", poursuit-il.
Ce succès du régime intervient au moment où l'ONU a annoncé le report des négociations indirectes entre pouvoir et opposition avec l'objectif de mettre un terme à la guerre qui ravage le pays depuis près de cinq ans. Mais l'opposition exige notamment l'arrêt des frappes russes sur des zones civiles et a dénoncé mardi l'offensive du régime vers Alep, évoquant "un nouveau massacre".
La province d'Alep est en grande majorité aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et de ses alliés islamistes, ou du groupe jihadiste État islamique (EI). Depuis le début, le 30 septembre 2015, de l'intervention militaire de la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, l'armée a avancé face aux rebelles dans les provinces de Lattaquié (nord-ouest), d'Alep (nord) et de Deraa (sud).
Avec AFP et Reuters