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La coalition anti-EI inquiète pour la Libye

Réunis à Rome, les 23 représentants des pays de la coalition anti-EI ont exprimé leur inquiétude quant à l'avancée des jihadistes en Libye, et pourraient les y combattre. De son côté, Paris a démenti toute velléité d'intervention.

L'organisation de l'État islamique (EI) menace la Libye et pourrait mettre la main sur ses ressources, s'est inquiété mardi 2 février le secrétaire d'État américain John Kerry. Le chef de la diplomatie américaine s'exprimait à Rome, où sont réunis les représentants de 23 pays engagés au sein de la coalition contre l'EI. Le mouvement jihadiste, qui semble avoir cédé du terrain en Syrie et en Irak, se renforce en Libye.

Ces derniers jours, plusieurs dirigeants occidentaux ont ainsi laissé entendre que le grand pays pétrolier d'Afrique du Nord serait vraisemblablement le prochain lieu de l'affrontement contre le groupe terroriste.

Des milliards de dollars de revenus pétroliers en jeu

L'EI, qui a pris la ville de Syrte en profitant du vide du pouvoir, s'est déjà attaqué à plusieurs reprises aux installations pétrolières libyennes.

"En Libye, a souligné John Kerry, nous sommes sur le point d'avoir un gouvernement d'union nationale. Ce pays a des ressources. Ce que nous ne voulons pas, c'est qu'un prétendu califat accède à des milliards de dollars de revenus pétroliers."

Cinq ans après la chute de Mouammar Kadhafi, l'ONU a fait adopter un plan de transition politique censé aboutir à la formation d'un gouvernement d'unité nationale en lieu et place des deux administrations distinctes qui se disputent la légitimité du pouvoir. Mais le parlement libyen reconnu par la communauté internationale a rejeté la semaine dernière la composition du gouvernement d'union proposé dans ce cadre.

Les nations de la coalition engagée contre l'EI en Irak et en Syrie depuis août et septembre 2014 envisagent donc aujourd'hui d'aller combattre les djihadistes en Libye, d'où partent des dizaines de milliers de candidats à l'exil en Europe, mais veulent une autorisation du futur gouvernement d'union.

Paris dément toute velléité d'intervention militaire

Le quotidien français Le Figaro a annoncé mardi que la France préparait "les plans pour intervenir contre Daech" (autre appellation de l'EI).

Mais Paris a rapidement démenti toute velléité d'intervention militaire en Libye. "Il n'est absolument pas question que nous intervenions militairement en Libye", a affirmé devant la presse le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, en marge de la réunion à Rome. "Je ne sais pas de quelle source cela provient". Un petit groupe "fait pression, mais ce n'est pas la position du gouvernement".

"Ce qui est vrai, c'est que nous sommes préoccupés" par la montée de l'EI en Libye, et c'est pourquoi "il faut pousser à la formation d'un gouvernement d'union nationale", a insisté le ministre. "Toute autre perspective n'est pas d'actualité", a-t-il ajouté. Une fois le gouvernement formé et approuvé par le Parlement, il sera alors en mesure de recevoir le soutien de la communauté internationale, en particulier pour s'assurer qu'il puisse siéger à Tripoli, a expliqué Laurent Fabius.
 

Avec AFP et Reuters