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Après plusieurs décennies de polémique, le gouvernement israélien a approuvé dimanche la création d'un espace de prière mixte au mur des Lamentations, pour les non-orthodoxes. Les juifs ultra-conservateurs crient au scandale.

C’est une grande victoire pour les féministes juives. Le gouvernement israélien a approuvé dimanche 31 janvier la création d'une troisième section de prière mixte hommes-femmes au mur des Lamentations à Jérusalem – en plus de ceux déjà réservée aux hommes et aux femmes. Nommée Ezrat Yisrael, cette nouvelle zone sera située dans le coin sud de la place, sous l’arche de Robinson, et séparée de la place principale du mur.

Cette décision "historique" du gouvernement met fin à une controverse vieille de plus d'un quart de siècle. Depuis des décennies, en effet, les juifs ultra-orthodoxes se sont opposés à ce que des femmes adeptes d’une pratique du judaïsme plus libérale, puissent prier comme les hommes.

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Crachats, jets de pierres et insultes

Selon la loi juive, les femmes n'ont pas le droit de porter un talit (châle de prière), de porter une kippa, de tenir en main une Torah, encore moins de lire à haute voix les textes sacrés. Cette pratique et ces attributs étaient exclusivement réservés aux hommes. Elles avaient le droit de prier mais à l’écart et en silence. Or, des centaines de militantes juives, regroupées au sein de l’association "Les femmes du mur", demandaient depuis des années à prier comme bon leur semblait.

En transgressant les règles établies, elles ont souvent été reçues sous les insultes, les crachats et les jets de déchets par des ultra-conservateurs. Et à de nombreuses reprises, les forces de l’ordre israéliennes ont dû s’interposer pour les protéger.

En 2013, des femmes prient pour la première fois comme des hommes, à Jérusalem

Sans surprise, donc, l’existence de ce troisième espace divise comme jamais. Pour les juifs ultra-pratiquants, qui le jugent contraire aux traditions, c’est un affront. Le rabbin du mur occidental Shmuel Rabinovitz a d’ailleurs confié avoir appris cette décision "le cœur lourd".

"La pleine égalité des femmes"

Pour les mouvements libéraux, c’est au contraire une victoire. "En adoptant cette décision, l'État reconnaît la pleine égalité des femmes sur le "kotel" [mur des Lamentations]", se sont félicitées "Les femmes du mur" sur leur page Facebook."Nous applaudissons cette décision historique d'Israël", ont aussi applaudi les mouvements juifs et réformistes américains. Ce compromis "envoie un message fort aux Israéliens et aux juifs de la diaspora sur l'importance du pluralisme juif", ont-ils ajouté.

La nouvelle section de prière qui sera achevée à une date encore non précisée sera gérée par un comité composé de membres du gouvernement et des "Femmes du mur".

Elle devrait "ramener une certaine tranquillité sur le site antique", a affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui a décrit ce nouveau lieu de prière comme "un compromis […] juste […] dans un endroit censé unir le peuple juif". Le mur occidental, ultime vestige du second temple juif détruit par les Romains en 70 de l'ère chrétienne, est le lieu de recueillement le plus symbolique du judaïsme.

Avec AFP