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Hassan Rohani : "C’est à Riyad de faire le premier pas" pour rétablir les relations avec l'Iran

En visite officielle à Paris, le président iranien Hassan Rohani a accordé un entretien exclusif à France 24, Le Monde et France Culture. Il a abordé les relations avec l'Arabie Saoudite, les États-Unis et évoqué le processus de paix en Syrie.

Lors de son passage à Paris, une première pour un président iranien depuis 2005, le président Hassan Rohani a réitéré son souhait d’apaiser les relations de l’Iran avec l’Arabie Saoudite, tout en refusant, une fois encore, de s’excuser après l'incendie, début janvier, de l'ambassade saoudienne à Téhéran.

"Nous ne souhaitons pas cette tension entre nos deux pays", a-t-il indiqué lors d’un entretien exclusif à Paris avec France 24, Le Monde et France Culture, jeudi 28 janvier. "Nous avons condamné cette action. Nous avons arrêté les fautifs. Ils sont en prison."

Grandes rivales régionales, l'Arabie saoudite (à majorité sunnite) et la République islamique d'Iran (majoritairement chiite) s'affrontent par conflits interposés en Syrie, en Irak et au Yémen. Leur animosité a dégénéré début janvier en affrontement ouvert : Riyad a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran à la suite d'une attaque, le 2 janvier, contre son ambassade par des Iraniens en colère après l'exécution par l'Arabie saoudite du chef religieux saoudien Nimr Baqr al-Nimr, critique virulent du royaume.

Quarante personnes soupçonnées d’avoir attaqué l’ambassade ont été arrêtées à Téhéran. Le président Rohani estime donc que c’est au royaume saoudien de faire le premier pas pour rétablir la communication entre les deux pays. "C’est à Riyad de prendre l’initiative [pour calmer les tensions]."

Avec les États-Unis, le "chemin reste long" mais pas infini

Questionné sur la perspective d'une amélioration des relations avec les États-Unis, avec qui l'Iran n'entretient plus de relations diplomatiques depuis 1979, le président iranien a également réitéré son intention de rétablir la communication.

"Nous souhaitons atténuer la tension avec les Américains", a-t-il déclaré. "Le chemin sera long […], mais les problèmes ne sont pas amenés à subsister entre nos deux pays", a-t-il ajouté se félicitant d’avoir renoué le dialogue à travers les négociations sur le nucléaire iranien. "Les États-Unis étaient à la même table de négociations que l’Iran [pendant les négociations sur l’accord nucléaire] ; ce qui était une chose inconcevable il y a encore des années", a-t-il ajouté.

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Si la relation entre Téhéran et les États-Unis ne reviendra pas à ce qu'elle a pu être du temps du shah, les deux pays ont tout intérêt à faire converger leurs efforts pour faire baisser les tensions dans la région.

"La priorité, c’est le retour de la paix"

Sur la question du terrorisme, le président Rohani s’est longuement attardé sur l’importance "d’éradiquer" l’organisation de l’État islamique (EI) en Irak et en Syrie.  "La priorité, c’est le retour de la paix, c’est le retour des réfugiés dans leur foyer. Les terroristes décapitent les innocents" et ils occupent "60 % du territoire syrien ; tout le monde devrait les combattre", a-t-il insisté.

Le président iranien se montre pessimiste quant à un règlement imminent du conflit syrien, qui a fait près de 260 000 morts, et il place peu d’espoir dans les négociations qui doivent démarrer vendredi à Genève pour tenter de mettre fin à cette guerre qui dure depuis plus de quatre ans. "Évidement notre souhait est de voir les négociations aboutir. Mais la question syrienne est trop compliquée. Il serait hélas trop optimiste de croire que l’on pourrait trouver un accord en quelques semaines", a expliqué Hassan Rohani.

Le président iranien n'a pas varié sur le soutien indéfectible de son pays au président syrien Bachar al-Assad : "sans la solidité du régime [d’Assad], l’armée ne pourra pas lutter efficacement". "À court terme, il n’y a pas d’autre solution que d’aider l’armée syrienne", a-t-il insisté. Quant à savoir si un futur était envisageable avec Assad au pouvoir, à long terme, le président a botté en touche. "Comment pouvons-nous nous prononcer à la place du peuple syrien ?"