Libération et Reporters sans frontières ont annulé une vente aux enchères caritative après que l'ambassade d'Israël a demandé le retrait d'une œuvre comparant Nelson Mandela et Marwan Barghouti, le leader palestinien actuellement en prison.
Le quotidien Libération et l'ONG Reporters sans frontières (RSF) ont renoncé, jeudi 14 janvier, à organiser une vente caritative de unes du journal revisitées par des artistes, prévue le 27 janvier. La cause : une demande de l'ambassade d'Israël de retirer l'une des œuvres qui devait être mise en vente.
La une incriminée est une couverture de 2004 qui annonçait l'enterrement de Yasser Arafat, le dirigeant palestinien qui était symbolisé par un keffieh avec le titre "Et maintenant ?". L'artiste Ernest Pignon-Ernest a ajouté sur cette une le visage du leader palestinien actuellement incarcéré, Marwan Barghouti, et écrit "en 1980, quand j'ai dessiné Mandela, on m'a dit qu'il était terroriste". Marwan Barghouti, en prison depuis 2002 pour organisation d'attaques anti-israéliennes durant la seconde intifada de 2000, est devenu pour les Palestiniens l'un des symboles de la résistance à l'occupation israélienne.
Reprochant à l'artiste la comparaison avec Nelson Mandela, l'ambassade d'Israël a demandé à la maison Artcurial, qui organisait la vente, de retirer l'œuvre. "Ce portrait met aux enchères un projet terroriste, là où l'on cherche à faire croire qu'il s'agirait d'un homme de paix", écrit l'ambassade dans un courrier consulté par l'AFP.
"Source potentielle de trouble à l'ordre public"
Artcurial a accepté la demande de retrait de la une. "Dans le contexte des récents attentats et de la prorogation de l'état d'urgence", le maintien dans la vente de cette œuvre constituerait une "source potentielle de trouble à l'ordre public", a déclaré Francois Tajan, président délégué d'Artcurial, à l'AFP.
Refusant de retirer l’œuvre, Libération et RSF ont préféré reporter la vente et trouver un autre organisateur. "Une solution alternative est à l'étude", a indiqué Reportes sans frontières dans un communiqué. "Nous mobilisons nos réseaux pour trouver une autre maison de ventes qui acceptera de prendre l'intégralité des artistes, condition de la tenue de cette vente", a poursuivi l’organisation.
"Je suis étonné qu'une ambassade étrangère puisse décider de ce que l'on expose ou pas. Et qu'une maison de ventes cède aux pressions", a déclaré pour sa part Ernest Pignon-Ernest à Libération. Jeudi soir, l'ambassade d'Israël n'était pas joignable pour commenter ce report.
Avec AFP