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Suite aux attaques de Bombay, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice est à New Delhi pour tenter de réduire les tensions avec le Pakistan. Elle a appelé Islamabad à coopérer de façon "urgente et déterminée" dans l'enquête.

REUTERS - La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a engagé mercredi le Pakistan à coopérer "de façon complète et transparente" à l'enquête sur les attaques de Bombay, qui mettent à mal les relations entre Islamabad et New Delhi.

D'après l'Inde, les dix membres du commando qui ont frappé la capitale financière de l'Inde, faisant 171 morts en trois jours la semaine dernière, venaient du Pakistan et leurs commanditaires se trouvaient dans ce pays. New Delhi a menacé de suspendre le processus de rapprochement bilatéral amorcé en 2004 si le Pakistan n'agissait pas rapidement contre les responsables des attaques.

"Il est temps que chacun coopère et le fasse dans la transparence, il est temps en particulier que le Pakistan agisse de la sorte", a dit Condoleezza Rice devant la presse à New Delhi.

De son côté, l'amiral Mike Mullen, chef de l'état-major interarmes américain, s'est rendu au Pakistan où il a exhorté les autorités à "enquêter activement" sur les liens possibles entre le carnage de Bombay et des groupes basés au Pakistan, ainsi qu'à intensifier leurs opérations contre les extrémistes.

Condoleezza Rice a aussi recommandé à l'Inde d'éviter les initiatives de nature à provoquer des "effets non intentionnels".

Une montée des tensions en Asie du Sud pourrait détourner le Pakistan des opérations anti-guérilla menées à sa frontière avec l'Afghanistan, ou affaiblir son gouvernement civil.

"Pas de preuves tangibles", dit le Pakistan

Une dizaine de milliers de personnes ont bloqué la circulation en scandant des slogans à Bombay, où il s'agissait de la plus importante manifestation de colère depuis les attaques. Les griefs exprimés visaient des carences en matière de sécurité ainsi que l'implication d'éléments pakistanais.

"Je suis venu avec mes amis car nous ne pouvons plus accepter cela. Les dirigeants politiques doivent agir, ils doivent cesser de de faire aucun cas de nous", déclarait un commerçant, Mahesh Patel.

"A bas le Pakistan, attaquez les Pakistanais !", criaient certains avec colère. "Vive l'Inde ! Honte aux politiques !"

Condoleezza Rice a écourté une visite en Europe pour gagner New Delhi. Elle devrait aussi se rendre au Pakistan.

"Nous devons agir avec urgence, nous devons agir avec détermination et j'ai dit que le Pakistan devait agir avec détermination. C'est le message qui a été remis et qui sera remis au Pakistan", a indiqué la responsable américaine.

Elle a ajouté plus tard que s'il se révélait que les attaques étaient le fait d'"acteurs non étatiques", le Pakistan n'en aurait pas moins la responsabilité de "prendre des mesures directes et fermes" à leur encontre.

Sur CNN, le président pakistanais, Asif Ali Zardari, a dit qu'aucune preuve tangible ne permettait d'avancer que le seul activiste à avoir survécu aux attaques était pakistanais. "Je doute très fortement qu'il le soit", a-t-il déclaré.

Le seul activiste que n'aient pas abattu les forces de sécurité indiennes, Azam Amir Kasav, a dit être de nationalité pakistanaise, selon le chef de la police de Bombay.

Agents du FBI à Bombay

Les attaques de Bombay ont mis à mal les relations entre l'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires qui se sont livré trois guerres par le passé. L'Inde accuse le Pakistan d'être incapable ou de ne pas avoir la volonté de réprimer les groupes d'activistes anti-indiens basés sur son territoire.

Huit kilos d'explosifs laissés par les islamistes qui ont semé la terreur la semaine dernière à Bombay ont été découverts mercredi dans un sac déposé à la gare centrale de la ville, a annoncé la police indienne. Cette gare avait été l'une des cibles des activistes il y a tout juste une semaine.

Les activistes auraient été formés par le groupe Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan. Le gouvernement indien a demandé aux autorités pakistanaises d'agir rapidement pour capturer les responsables de l'opération.

Le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee, a dit qu'aucune action militaire n'était envisagée mais a souligné que le processus de paix engagé en 2004 était en péril si le Pakistan n'agissait pas de façon décisive.

"J'ai informé Mme Rice que les attaques terroristes de Bombay avaient été perpétrées sans aucun doute par des individus qui venaient du Pakistan et dont les commanditaires se trouvent au Pakistan", a-t-il dit lors d'une conférence de presse donnée conjointement avec la secrétaire d'Etat américaine.

Mukherjee a estimé qu'il y avait un "dessein" derrière les attentats, celui de porter un coup au développement du pays.

La dégradation pourrait également nuire aux opérations américaines en Afghanistan, où les insurgés taliban et les activistes d'Al Qaïda se servent de bases arrière au Pakistan. 

Islamabad a souligné que les tensions à sa frontière avec l'Inde pourraient conduire l'armée à y transférer des troupes actuellement engagées contre des groupes islamistes dans le Nord-Ouest pakistanais.

A Washington, l'Attorney general (ministre de la justice) Michael Mukasey a déclaré que des agents du FBI fournissaient une assistance à la police indienne et coopéraient aux investigations qu'elle mène à Bombay.