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À Jarnac, Hollande rend hommage à Mitterrand, mort il y a 20 ans

Premier chef de l’État en exercice à se rendre à Jarnac, en Charente, pour commémorer la disparition de François Mitterrand, François Hollande a rendu hommage à son prédécesseur socialiste, mort il y a tout juste 20 ans.

Il est le premier chef de l’État français en exercice à se rendre à Jarnac, en Charente, pour commémorer la disparition de François Mitterrand. Vingt ans jour pour jour après sa mort, François Hollande s'est recueilli, vendredi 8 janvier, sur la tombe du premier président socialiste de la Ve République.

Accompagné de Gilbert Mitterrand et Mazarine Pingeot, deux des trois enfants de l'ancien chef de l’État, François Hollande a déposé une gerbe et observé une minute de silence devant le caveau familial, où quelques roses rouges et un drapeau européen avaient été déposés auparavant par des anonymes.

Puis le président, qui s'était offert à son arrivée un bain de foule parmi les Charentais malgré la pluie, s'est rendu dans la maison natale de François Mitterrand, à quelques centaines de mètres de là. Lors de cette visite dans l'intimité, il a signé un livre d'or, y inscrivant : "Fier de revenir ici comme président de la République pour rendre hommage à l'homme que j'ai suivi, au président que j'ai servi. Tout est continuité et tout est changement". Puis, cette cette formule inscrite plus bas : "En fidélité active".

Un rêve commun

Depuis son élection en 2012, le président s’emploie à s’inscrire dans les pas de François Mitterrand, dont il fut, à l’Élysée, le chargé de mission pour l'économie en 1988. Frais émoulu de l'ENA et de HEC, le jeune François Hollande s'inscrivait pourtant davantage dans le sillage de Jacques Delors. Si bien que les deux hommes, comme l’expliquera Jack Lang, son emblématique ministre de la Culture, s'ils "ne se sont pas combattus, ne se sont pas séduits [et] n'ont pas établi de liens filiaux".

Les deux seuls présidents de gauche de la Ve République ont toutefois partagé un rêve commun : "changer la vie" pour le premier, "réenchanter le rêve français" pour le second. Mais l'un comme l'autre se sont heurtés aux réalités économiques.

Pour Hubert Védrine, ancien secrétaire général de l'Élysée, François Mitterrand était "un grand président, ça ne se discute même pas", doublé d'un "magicien de la politique" qui a permis à la gauche d'accéder au pouvoir en 1981. "Pour François Hollande, c'est une source d'inspiration parmi d'autres mais pas transposable mécaniquement. Il ne cherche pas à être le clone de François Mitterrand, il a sa personnalité propre. Aujourd'hui la situation est très différente", a-t-il
affirmé à Jarnac devant la presse.

Beaucoup moins affable, Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, s'est fendu, vendredi, d'un tweet rageur à l'égard du lien entre Hollande et Mitterrand : "1 jour à Jarnac, 5 ans à j'arnaque".

Hollande : 1 jour à Jarnac, 5 ans à j'arnaque.

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 8 Janvier 2016

Interrogé sur l'héritage laissé par François Mitterrand, Hubert Védrine évoque les grands travaux et la politique culturelle. Jack Lang avance, lui, l'avènement des radios libres et l'abolition de la peine de mort. Mais quelle aurait été sa position sur la contestée déchéance de nationalité pour les terroristes ? Pour le patron du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, l'ancien et l'actuel présidents sont "confrontés à des événements qui ne sont pas du tout les mêmes et ils les traversent avec un certain aplomb... même si cela n'exclut pas des discussions".

Deux Français sur trois ont un bon souvenir des années Mitterrand

Parlementaire pendant 35 ans, 11 fois ministre sous la IVe République, président de la Ve durant 14 ans, François Mitterrand, bête noire de la droite et contesté sur sa gauche, reste malgré tout le symbole du renouveau du socialisme français et de l'union de la gauche.

Le 17 mai 1995, épuisé par un cancer de la prostate diagnostiqué en 1981 mais tenu secret pendant de longues années, il laisse la place à Jacques Chirac et meurt sept mois plus tard. Dans la mémoire collective des Français, ses obsèques, le 11 janvier 1996, restent marquées par cette scène : Danielle, l'épouse du défunt, serrant dans ses bras Mazarine, sa fille longtemps cachée.

Deux décennies après la mort de François Mitterrand, les passions qui avaient marqué ses deux mandats se sont apaisées. À en croire un sondage Ifop, deux Français sur trois (65 %) disent garder un bon souvenir des années Mitterrand. Ils sont presque autant (59 %) à estimer qu'il a été un bon président.

Avec AFP