Riyad n’a pas bombardé l'ambassade d'Iran à Sanaa, affirme, sur France 24, Ahmed al-Asseri, porte-parole des forces saoudiennes au Yémen. Contrairement aux accusations de Téhéran, il assure que son pays "ne mène pas d’opérations dans les villes".
Nouvel accès de fièvre entre Téhéran et Riyad. Cette fois-ci, sur le front yéménite. Jeudi 7 janvier, l’Iran a accusé l’Arabie saoudite d’avoir "délibérément" bombardé son ambassade à Sanaa, la capitale du Yémen, pays où depuis plusieurs mois, les deux puissances s’affrontent à distance.
Les autorités iraniennes évoquent une roquette qui serait tombée à proximité de son ambassade et aurait blessé l’un de leurs gardes postés devant le bâtiment.
Mais des témoins sur place affirment que l’établissement n’a subi aucun dégât. À la tête d'une coalition arabe combattant les rebelles chiites houtis appuyés par l'Iran, le royaume wahhabite dément avec force les accusations de Téhéran. "Les allégations que l’Iran porte à notre encontre ne sont pas fondées, assure sur France 24 Ahmed al-Asseri, porte-parole de l’opération Tempête décisive. Tout d’abord parce que nous n’utilisons pas de roquettes, ensuite parce que nous ne menons pas d’opérations dans les zones proches de cette ambassade." Car, justifie-t-il, "depuis le début de notre intervention, nous ne menons pas d’opérations dans les villes où il y a une forte concentration de population civile."
Une "affaire yéméno-yéménite"
Pour Ahmed Al-Asseri, le conflit au Yémen reste une "affaire yéméno-yéménite". "Il ne s’agit pas d’un affrontement entre Saoudiens et Iraniens, affirme-t-il. Nous, on travaille pour la population yéménite. L’objectif de l’opération est de renforcer la légitimité du gouvernement yéménite, protéger les civils ainsi que la sécurité des frontières de l’Arabie saoudite."
De fait, depuis le début de l’intervention saoudienne, en mars 2015, les deux camps se renvoient la responsabilité de la situation au Yémen, où le conflit a déjà causé la mort de 6 000 personnes, dont 2 800 civils. "On regrette toutes les pertes, mais il faut savoir qui les ont causées : le coup d’État des milices houthies qui ont semé le chaos, accuse Ahmed Al-Asseri. Le gouvernement yéménite a présenté un rapport à l’ONU qui évoque des tirs discriminatoires en direction des civils à Aden et à Taez, ainsi que des emprisonnements arbitraires. Donc, ce sont à eux de rendre des comptes."
Après avoir suspendu la trêve négociée par l’ONU, l’Arabie saoudite est toutefois accusée de privilégier la force au dialogue. "Il y a une volonté des forces loyalistes yéménites et de la coalition d’arriver à une solution militaire qui permettront de poser les conditions préalables nécessaires à un dialogue politique", défend le porte-parole de Tempête décisive.
Déjà tendues, les relations entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite ont dégénéré en crise ouverte au début de janvier. Riyad a rompu le 3 janvier ses relations avec l'Iran à la suite de l'attaque de ses missions diplomatiques à Téhéran et à Machhad par des manifestants en colère qui protestaient contre l'exécution en Arabe saoudite du dignitaire religieux chiite saoudien, cheikh Nimr al-Baqer al-Nimr, très critique envers le régime.