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Incidents d'Ajaccio : Cazeneuve en Corse pour affirmer la fermeté de l'État

Bernard Cazeneuve est en Corse pour afficher la fermeté de l'État suite aux manifestations racistes de la semaine dernière. Il a visité la caserne des pompiers agressés le soir de Noël et la salle de prière musulmane saccagée.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est rendu mercredi 30 décembre en Corse dans l'intention d'afficher la fermeté de l'État après les manifestations racistes de la semaine dernière.

"Il n'y a en Corse de place, ni pour la violence, ni pour le racisme. Et je suis convaincu que c'est là la volonté de l'ensemble de ceux qui vivent en Corse", a déclaré le ministre en arpentant un terrain de sport du quartier populaire des Jardins de l'Empereur, théâtre des incidents.

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Accompagné de plusieurs responsables politiques et administratifs de l'île, notamment le préfet de Corse, le procureur d'Ajaccio et le maire de la ville, Bernard Cazeneuve s'est rendu à la caserne des pompiers qui avaient été agressés le soir de Noël.

À Ajaccio, M. Cazeneuve a salué les quatre fonctionnaires présents dans le camion d'intervention le soir des faits et s'est ensuite entretenu, à huis clos, avec des représentants du Syndicat des travailleurs corse (STC).

"La Corse n'est pas une zone de non-droit"

Le gouvernement s'efforce de reprendre la main sur l'île de beauté où deux pompiers et un policier ont été agressés la veille de Noël dans la cité "Les Jardins de l'Empereur", à Ajaccio, où ils intervenaient pour éteindre un incendie criminel. S'en sont suivi deux jours de manifestations teintées de racisme, parfois au cri de "Les Arabes à Ajaccio". Une salle de prière musulmane a également été saccagée.

"Non, clairement, la Corse n'est pas une zone de non-droit !", a affirmé de son côté le Premier ministre Manuel Valls dans un entretien mercredi au quotidien "Le Parisien"/"Aujourd'hui-en-France".

"L'État ne reculera jamais", a-t-il ajouté en soulignant que "les premières interpellations ont eu lieu" et que "l'ensemble des auteurs, que ce soit du guet-apens ou des dégradations, seront identifiés et déférés devant la justice".

Mardi, deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences de l'après-midi du 24 décembre ont été mis en examen.

L'un des suspects, âgé de 18 ans et connu des services judiciaires, a été mis en examen pour "dégradations par un moyen dangereux", et écroué pour avoir mis feu à des palettes dans l'après-midi. Le second suspect, âgé de 19 ans et inconnu des services de police, a été mis en examen pour "complicité de dégradations" et placé sous contrôle judiciaire. Les deux hommes font également l'objet de poursuites pour "intrusion dans un établissement public", une école.

À ce stade, aucun des deux suspects n'est directement relié à l'agression de pompiers.

Valls rejette toute idée de "séparation" de la Corse

Manuel Valls a également invité les nationalistes corses à "faire le ménage" dans
leurs propres rangs : "Certains slogans doivent disparaître." Il dit notamment vouloir proscrire "définitivement" les groupuscules identitaires comme "Vigilance nationale corse", y compris "en étudiant leur dissolution".

Les élus nationalistes, désormais à la tête de l'Assemblée territoriale, se sont efforcés depuis le début de la semaine de ramener le calme par des gestes d'apaisement. Lundi, le nouveau président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, et son homologue du conseil exécutif territorial, Gilles Simeoni, ont ainsi reçu des représentants de la communauté musulmane de l'île.

Manuel Valls a annoncé au "Parisien" qu'il irait lui-même en Corse au premier semestre 2016.

Il rejette toute idée de "séparation" de l'île de la République française. "Certains parlent d'une nation corse. Mais je ne sais pas trop ce que cela veut dire", explique-t-il. "Il n'y a qu'une seule nation, la nation française." "La République reconnaît à l'île un statut particulier du fait (...) de son histoire, de sa culture, de sa langue" mais "il n'y a pas de séparation possible. L'attachement de la Corse à la République française n'est et ne sera jamais négociable."

Après la victoire surprise des nationalistes aux régionales, Jean-Guy Talamoni a déclaré que la question de l'indépendance se poserait "en son temps". Dans son discours d'intronisation prononcé en langue corse, le 17 décembre, il a dit que l'île "n'était pas un morceau d'un autre pays mais une nation".

Avec AFP et Reuters