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Charaffe al-Mouadan, proche d'un kamikaze du Bataclan, a été tué en Syrie

Charaffe al-Mouadan a été tué le 24 décembre en Syrie par la coalition menée par les États-Unis, a annoncé mardi le Pentagone. Ce combattant français de l'EI, originaire de Drancy, était lié à Sami Amimour, l'un des kamikazes du Bataclan. Portrait.

Qui était Charaffe al-Mouadan ? Ce combattant français de l’organisation État islamique dont les Américains ont annoncé la mort en Syrie mardi 29 décembre était, selon les informations du Pentagone, "lié directement" aux attentats de Paris. Une source française est moins affirmative : "En l'état, rien ne permet d'affirmer son implication" dans ces attaques terroristes. Il compte parmi les 10 responsables de l'EI tués en Syrie et en Irak au mois de décembre. 

Charaffe al-Mouadan, alias "Aba Souleymane", a été abattu le 24 décembre par la coalition conduite par les États-Unis alors qu'il "préparait activement d'autres attaques", a indiqué mardi 29 décembre le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition anti-EI.

L’homme de 26 ans, dernier d'une fratrie de huit enfants, né le 15 octobre 1989 de deux parents marocains à Bondy, dans la banlieue nord-est de Paris, était un proche du jihadiste belge Abdelhamid Abaaoud, coordonnateur présumé des attentats de Paris. Il était aussi ami de l'un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour. 

"Association de malfaiteurs"

C'est à Drancy qu'il passe sa jeunesse. Selon un proche entendu par les services antiterroristes, Charaffe al-Mouadan, qui a grandi dans une famille pratiquante, n'était "au départ, pas trop religion" avant d'en adopter une "vision extrémiste". Il ne fréquentait pas de mosquée particulière, selon ce témoignage rapporté à l'AFP par une source proche du dossier.

Mais le jeune homme semble peu à peu basculer dans l'islamisme radical, en "surfant" sur Internet. Un mode d'initiation "virtuel" qui semble avoir été celui d'Amimour et de Bouabout. À partir de mars 2012, Charaffe al-Mouadan prend des cours de tir sportif dans un club de la police du XVIIIe arrondissement de Paris.

Figure de la jihadosphère depuis + de 2 ans, Aba Souleymane était encore actif sur Twitter il y a quelques semaines pic.twitter.com/uCAn68LpQm

— David Thomson (@_DavidThomson) 29 Décembre 2015

En octobre 2012 il est arrêté à Drancy et mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, mais laissé libre sous contrôle judiciaire. Il s'apprêtait à partir avec deux amis de son quartier - Samy Amimour et Samir Bouabout, eux aussi mis en examen - au Yémen ou en Afghanistan via la Somalie.

Équipement paramilitaire

En 2013, il s'équipe de matériel paramilitaire, et contracte un prêt à la consommation de 20 000 euros, selon une source proche du dossier, tout en affirmant aux policiers avoir abandonné tout projet de départ en zone de jihad. Il séjourne brièvement au Maroc avec Bouabout.

En août 2013, le jeune homme se rend en Syrie, alors qu'il est toujours sous le coup d’une procédure judiciaire mais laissé libre sous contrôle judiciaire. Auprès de ses proches, Charaffe al-Mouadan invoque la dimension "humanitaire" de son séjour syrien.

Quel rôle a joué Charaffe al-Mouadan ? Selon un témoin, au Bataclan, avant l'assaut policier, l'un des assassins a demandé à son comparse s'il comptait appeler "Souleymane". Agacé, son complice lui aurait répondu qu'ils allaient terminer l'opération "à leur sauce".

Mardi, les volets du pavillon familial étaient baissés et la famille refusait de s'exprimer devant la presse. "On l'a connu enfant, c'est trop dur", dit une voisine. "Il avait l'air très calme", ajoute une autre habitante du quartier, Rosa, 23 ans, qui parle d'une famille "discrète, sans histoire" et sans "signe apparent de radicalisation".

Avec AFP