Zahrane Allouche, chef du Jaïch al-Islam, l'un des plus puissants groupes insurgés de la région de Damas, a été tué dans un raid aérien de l'armée, ont annoncé vendredi les médias officiels syriens et des sources au sein des rebelles.
Le chef de Jaïch al-Islam (l’Armée de l’Islam), Zahrane Allouche, à la tête du plus important groupe rebelle de la région de Damas, a été tué vendredi 25 décembre dans des raids à l'est de la capitale, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L’information a été confirmée par un chef de l'opposition, ainsi que par les médias officiels syriens.
Sa mort pourrait porter un coup sévère à la mainmise des rebelles sur la Ghouta orientale, la région rurale située à l'est de Damas, ont reconnu les insurgés. D'après Charles Lister, l'un des principaux experts des groupes rebelles en Syrie, "la mort de Zahrane Allouche est l'une des pertes les plus significatives de l'opposition".
itPrincipale faction insurgée de la région de Damas
Soutenu par l'Arabie saoudite, le groupe islamiste auquel appartenait Allouche contrôlait la plus grande partie de la banlieue est de la capitale, régulièrement bombardée par les forces gouvernementales. Fort de 15 000 à 20 000 combattants, selon des services de renseignement occidentaux, le mouvement était accusé par le régime syrien de bombarder la capitale.
Dans une déclaration télévisée, un porte-parole de l'armée syrienne a indiqué que les forces du régime avaient mené les raids, montrant une vidéo de l'attaque sur laquelle on voit plusieurs colonnes de fumée blanche dans une zone rurale.
Un responsable de la sécurité a expliqué à l'AFP que ces raids avaient été menés par deux avions syriens qui ont tiré à deux reprises quatre missiles fournis par Moscou. Ils ont ciblé une réunion secrète de dirigeants de plusieurs groupes islamistes, qui visait à réorganiser les forces militaires après la prise de la localité de Marj al-Sultan.
Plusieurs dizaines de dirigeants et des gardes du corps ont été tués, dont 12 de Jaïch al-Islam et sept d'Ahrar al-Cham, un autre groupe rebelle important, selon la même source.
>> À lire sur France 24 : "Syrie : qui compose les rangs de l’Armée de la conquête ?"
Plusieurs chefs de groupes insurgés ont été tués depuis que Moscou a entamé ses opérations aériennes contre les rebelles syriens, le 30 septembre dernier. La mort de Zahrane Allouche survient au moment où l'armée syrienne a lancé une très grande opération sur tout le flanc est de la capitale
Accusé du rapt d’une militante des droits de l’Homme
Zahrane Allouche, 44 ans, avait été arrêté en 2009 et libéré en juin 2011 après son amnistie, trois mois après le début du conflit syrien, qui a fait plus de 250 000 morts en quatre ans et demi. Son mouvement avait assisté à Riyad à une réunion des principaux groupes de l'opposition politique et armée. Les participants avaient annoncé le 10 décembre leur accord pour des négociations avec Damas, mais ils avaient exigé le départ du président Bachar al-Assad avec le début d'une éventuelle période de transition.
Cette organisation d'inspiration salafiste est très anti-alaouite (confession du président Bachar al-Assad) et partisan d'un État islamique, mais il avait adopté récemment un langage plus modéré. Zahrane Allouche, qui était idéologiquement en désaccord avec l’EI et avec Al-Qaïda, avait chassé les islamistes radicaux des territoires sous son contrôle.
Des critiques se sont également élevées contre la répression qu'il exerçait à l'encontre de ses adversaires. Il est ainsi accusé par certains d'avoir fait kidnapper plusieurs personnalités de la rébellion laïque, comme Razan Zeitouneh, avocate syrienne et militante des droits de l'Homme et ses compagnons d'armes en 2013. Le rapt de cette jeune femme avait marqué un tournant dans le conflit syrien.
Quelques heures après la mort de Zahrane Allouche, les principaux responsables du groupe ont élu un nouveau chef, Abu Himam al-Buwaydani, un combattant de 40 ans dont la famille entretient des liens étroits avec les Frères musulmans, a indiqué à l'AFP Abdel Rahman, le dirigeant de l'OSDH.
Avec AFP et Reuters