
Au cours de ces dernières semaines, l'armée éthiopienne a tué au moins 75 manifestants dans la région de l'Oromia, proche d'Addis Abeba, selon Human Rights Watch. Les habitants protestent contre un projet d'agrandissement de la capitale.
La réponse des autorités éthiopienne au mécontentement des habitants de l'Oromia a été sanglante. Au moins 75 personnes ont été tuées ces dernières semaines par les forces de sécurité qui ont ouvert le feu contre des manifestations dans la région de cette région entourant la capitale Addis Abeba, a accusé l'ONG Human Rights Watch (HRW) samedi 19 décembre.
"La police et les forces armées ont tiré sur les manifestations, tuant au moins 75 manifestants et en blessant de nombreux autres, selon des militants", a annoncé l’organisation de défense des droits de l’homme dans un communiqué.
De son côté, le gouvernement éthiopien n'a pas immédiatement réagi, mais son bilan officiel était jusque-là de cinq morts. Le porte-parole du gouvernement, Getachew Reda, a affirmé que des "manifestations pacifiques" avaient dégénéré en violences accusant les manifestants de "terroriser les civils". "Le fait que le gouvernement qualifie des manifestants très largement pacifiques de 'terroristes' et l'envoi de forces militaires représentent une escalade très dangereuse", a dénoncé Leslie Lefkow, directrice-adjointe de HRW pour l'Afrique. Les défenseurs des droits de l'Homme ont à plusieurs reprises dénoncé le recours des autorités éthiopiennes à une législation antiterroriste pour museler l'opposition pacifique.
"Des corps étendus sur la rue"
"Human Rights Watch a reçu des informations crédibles selon lesquelles les forces de sécurité ont tué des dizaines de manifestants dans les zones de Shewa et Wollega, à l'ouest d'Addis Abeba, début décembre", a annoncé HRW. "Plusieurs personnes ont dit avoir vu les forces de sécurité dans la ville de Walliso, à 100 km au sud-ouest d'Addis Abeba, tirer sur la foule des manifestants en décembre, laissant des corps étendus dans la rue".
Les manifestations, dans la région de l'Oromia, avaient commencé le mois dernier pour protester contre un projet d'agrandissement programmé de la capitale. Ce programme avait suscité des craintes d'expropriation de terres dans des zones traditionnellement occupées par le peuple oromo.
"La réponse du gouvernement éthiopien aux protestations de l'Oromia a fait des dizaines de morts et accentué le risque d'un bain de sang encore plus important", a estimé Leslie Lefkow.
Avec AFP