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François Hollande a assisté, jeudi, à l'inauguration très politique du monument des fraternisations de l'hiver 1915, dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, aux côtés du nouveau président LR de la région, Xavier Bertrand.

L'inauguration, jeudi 17 décembre à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), du monument des fraternisations, imaginé par un poilu il y a 100 ans dans l'Artois, a pris une tournure politique après les élections régionales.

La présence conjointe du président François Hollande et du nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (NPDCP), Xavier Bertrand, a attiré les journalistes et relégué les questions mémorielles au second plan. Dans son discours, le chef de l'État a d'ailleurs salué entre les lignes la victoire de Xavier Bertrand face à la candidate du Front national (FN), Marine Le Pen. "La France est partagée entre des sensibilités différentes, elles sont nécessaires, indispensables même à la démocratie (...) Notre pays a besoin de concorde (…) pour écarter la peur qui mine la cohésion", a-t-il martelé. "Nous sommes tous dépositaires de la République."

Il a également loué le travail du précédent chef de l’exécutif régional, le socialiste Daniel Percheron, qui quitte la présidence du NPDC "après tant d'années au service de la collectivité (et) si attaché à cette terre du Pas-de Calais", où se déroulait l’inauguration.

En utilisant la mémoire des fraternisations franco-allemandes qui eurent lieu en décembre 1915 dans cette même région de l'Artois et dont le caporal Barthas avait parlé dans ses carnets de guerre en imaginant un futur monument, François Hollande a appelé à l'unité en cette année marqué par les attentats. En s'adressant aux habitants de la région, il a aussi assuré que tout serait mis en œuvre pour répondre a leurs attentes."C'est aussi le sens de ma présence ici", a expliqué le président. "Le geste de Louis Barthas montre que l'humanité est capable toujours de se dépasser", a-t-il aussi insisté.

Photo symbole. X. Bertand entouré par les journalistes. C. Carion seul. Le politique prend le pas sur le mémoriel. pic.twitter.com/kr2Ovag4RY

— Stéphanie Trouillard (@Stbslam) 17 Décembre 2015

"L'actualité, c'est l'écume des jours"

À la fin de son discours, le chef de l'État est rapidement reparti. Les journalistes se sont donc précipités sur Xavier Bertrand. Leurs premières questions n'ont pas porté sur le monument mais une fois encore sur les enjeux politiques locaux. "J’ai des projets dans la région. Il y a des problèmes importants. Je l'ai dit au président de la République hier. Je suis prêt à travailler avec tous ceux qui aideront ma région", a-t-il répondu lors de cette matinée placée sous le signe de la fraternisation entre socialistes et Les Républicains.

À quelques mètres de lui, le réalisateur Christian Carion, auteur du film Joyeux Noël qui racontait déjà les fraternisations, initiateur de la création du monument, n'était pour sa part pas assailli par les médias. Seul, il observait incrédule la meute des journalistes. "Ah, c’est la vedette" plaisantait-il en désignant Xavier Bertrand. "Tout va bien, je ne suis pas un politique."

Philosophe, le cinéaste ne s’est pas formalisé de tout ce raout politique : "J'ai dit tout a l'heure que l'actualité, c'est l'écume des jours. Ce qu’il restera c’est le symbole de ce que représente le monument. Le fait que le président de la République, chef des armées, soit venu inaugurer cet endroit, c’est ça le plus important pour moi."

Christian Carion a toutefois estimé, même s’il n’aime pas faire parler les morts, que si Louis Barthas avait été présent, il serait sûrement parti après tous ces discours politiques. "C’est sa phrase qui doit nous éclairer. Elle est gravée dans le monument, elle restera", insiste le réalisateur en faisant allusion aux écrits du caporal français et à son rêve de monument désormais exaucé.