Le Parlement européen a remis, mercredi, le prix Sakharov "pour la liberté de l'esprit", décerné au blogueur saoudien Raif Badawi, actuellement emprisonné pour "insulte à l'islam". Il était représenté à Strasbourg par son épouse Ensaf Haidar.
C’est son épouse, Ensaf Haidar qui a reçu la distinction à sa place. Emprisonné dans son pays, le blogueur saoudien Raif Badawi s'est vu "remettre" le prix Sakharov pour la liberté d’expression par le Parlement européen, mercredi 16 décembre, à Strasbourg.
"Il n'a fait qu'user de son droit à la liberté d'expression. Il a comblé une lacune dans son pays concernant la liberté de la presse", a déclaré le président du Parlement, Martin Schulz.
"En votre nom à tous, je demande une nouvelle fois au roi Salman (d'Arabie saoudite) de gracier Raif Badaoui et de le libérer immédiatement, sans aucune condition", a-t-il ajouté.
L'épouse du blogueur de 31 ans, Ensaf Haidar, qui vit désormais au Canada avec leurs trois enfants, a regretté l'absence de liberté d'expression dans certaines sociétés
arabes. "Dans mon pays, une pensée libre et éclairée est considérée comme un blasphème. C'est l'idéologie de certaines de nos sociétés arabes", a-t-elle déclaré, ajoutant craindre "un exode des cerveaux arabes qui iront chercher un air frais ailleurs".
Avant de s'exprimer à la tribune, la jeune femme a demandé aux eurodéputés de respecter une minute de silence "en hommage à la mémoire de ceux qui sont tombés en France et ailleurs, une minute de silence en hommage aux victimes".
"C'est le plus grand souhait de mon mari", a-t-elle ajouté.
L'institution européenne avait décerné cette récompense au lauréat fin octobre. "Je pense que c’est un homme extrêmement bon, exemplaire, qui s’est vu imposer l’une des peines les plus cruelles qui existent dans ce pays, une peine que l’on peut qualifier de torture brutale", avait déclaré Martin Schulz à cette occasion.
L'épouse de Raif Badawi, exilée au Canada, avait à l’époque exprimé sa joie sur l’antenne de France 24. "Ce prix est très important pour Raif, car ça lui donne de l’espoir et du courage", avait-elle estimé.
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Animateur du site "Liberal Saudi Network", un "réseau de discussions en ligne dont l’objectif est d’encourager les débats politiques, religieux et sociaux", Raif Badawi s'est toujours battu pour la liberté d'expression et il en paye lourdement le prix. Emprisonné depuis juin 2012 dans son pays en Arabie saoudite, sa condamnation en 2014 à dix ans de prison, à mille coups de fouet et à une amende d’un million de riyals (environ 226 000 euros) pour "insultes à l’islam" avait ému le monde entier.
Le jeune homme avait reçu cinquante coups de fouet en janvier 2015. Critiquées à travers le monde, les autorités saoudiennes ont reporté la suite de l'application de la sentence.
Depuis le 8 décembre, le blogueur observe une grève de la faim selon son épouse. Il souhaite ainsi dénoncer son transfert vers la prison de "Shabbat Central", un établissement pénitentiaire isolé.