
Après 50 ans de conflit armé, la guérilla des Farc et le gouvernement colombien ont signé mardi 15 décembre un accord inédit sur la mise en place d'un système de réparation et de justice en faveur des victimes du conflit.
Après des mois de négociations, un accord fondamental a été signé, mardi 15 décembre en Colombie, entre les Farc et le gouvernement, dans le cadre du processus de paix engagé depuis octobre 2012. Dans ce texte inédit, la guérilla des Farc s'est engagée pour la première fois à des réparations envers les victimes du conflit armé, qui a fait au moins 220 000 morts et des dizaines de milliers de disparus.
"C'est très important : les Farc se sont engagés pour la première fois de leur histoire à contribuer aux réparations matérielles envers les victimes", a déclaré Juan Manuel Santos, le président colombien dans une allocution télévisée. Le chef de l'État a également souligné que cet accord permettait de "satisfaire de la meilleure façon possible les droits des victimes à la vérité, à la justice, à la réparation", via la création notamment d'une Commission de la vérité.
Le processus de paix comprend six volets. Le 16 mai 2014, les rebelles et le gouvernement avaient déjà réussi à s’entendre sur le trafic de drogue. En 2013, ils avaient trouvé un accord sur deux points essentiels de leurs négociations : le développement rural et la participation de la guérilla à la vie politique après la conclusion d'un accord de paix général. Après les discussions de décembre 2015 sur les dédommagements des victimes, restera à discuter de la fin effective des hostilités et des modalités d'un accord de paix final.
2016, une "nouvelle aube" pour la Colombie
Le chef de l'État a salué les progrès accomplis. Et il a réaffirmé qu'"au plus tard le 23 mars prochain [2016], dans moins de quatre mois, la fin du conflit pourrait être signée !"
Toutefois, le président a réaffirmé qu'aucun type de pardon ne sera permis aux guérilleros qui auraient commis "des crimes contre l'Humanité, des crimes de guerre graves, de génocide, et en général pour les graves violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire". Ceux impliqués dans de tels délits seront jugés par le Tribunal de Paix, prévu par les accords signés à Cuba, avec notamment des privations "effectives de liberté de cinq à huit ans", a-t-il ajouté, indiquant que les membres des forces de l'ordre coupables seront aussi sanctionnés. Point important : les membres de l'armée pourront eux aussi être poursuivis.
Une amnistie est en revanche prévue pour les crimes sexuels, les exécutions sommaires et les enlèvements.
"L'année 2016 sera celle d'une nouvelle aube pour la Colombie : l'aube d'un pays sans guerre, sans conflit ; d'une Colombie, espérons-le unie, qui progresse jusqu'à son meilleur potentiel", a conclu le président Santos.
Avec AFP