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Au moins 20 femmes élues pour la première fois en Arabie saoudite

Au moins 20 femmes ont été élues lors des municipales dimanche en Arabie saoudite. Il s’agissait du premier scrutin ouvert aux femmes dans l’histoire de ce pays, où elles sont encore soumises à de nombreuses restrictions.

C'est une première. Au moins 20 Saoudiennes ont été élues dimanche 13 décembre lors des municipales organisées par le royaume. Un scrutin considéré comme historique car il était pour la première fois ouvert aux femmes, électrices et éligibles pour la première fois dans le pays.

L'Arabie saoudite, pays ultra-conservateur, où les femmes sont encore soumises à de nombreuses restrictions, était le dernier pays au monde à dénier à ses citoyennes le droit de voter ou de se porter candidate à un scrutin.

"Même s'il n'y en avait eu qu'une, nous aurions été fières. Franchement, nous n'attendions aucune victoire", s'est félicité Sahar Hassan Nassif, militante féministe de la région de Jeddah (ouest).

La première femme dont la victoire a été annoncée a été élue au conseil municipal de la petite localité bédouine de Madrakah, dans la région de La Mecque. Salma bent Hizab al-Oteibi a triomphé face à sept hommes et deux femmes. "Toute ma vie a été une lutte", a déclaré à l'AFP cette institutrice.

Une autre candidate, Hanouf bent Moufreh ben Ayed al-Hazmi, a été élue dans la région d'Al-Jawf (nord-ouest) et Sanna Abdellatif Hamam et Maasouma Abdelmohsen al-Rida l'ont été dans la région d'Ihsaa (sud-est), tandis que la capitale Riyad a vu l'élection de trois femmes, selon l'agence officielle SPA. Par ailleurs, deux candidates ont remporté des sièges dans la province de Tabbouk (nord-ouest).

"Porter la voix des femmes"

Khadra al-Moubarak, de la ville côtière de Qatif, a confirmé à l'AFP qu'elle figurait parmi les femmes élues.

"Je serai en contact avec la société, les femmes en particulier, pour porter leur voix et transmettre leurs demandes au conseil. Je promets de les représenter par tous les moyens", a indiqué Khadra al-Moubarak, l'une des deux candidates élues dans la région orientale du royaume.

Trois femmes ont été élues dans le sud du pays également, une dans la région de Jazane et deux autres, dont Lama al-Souleimane, à Jeddah, deuxième ville d'Arabie saoudite, selon SPA.

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Au moins 20 femmes élues pour la première fois en Arabie saoudite

L'Arabie saoudite, monarchie absolue régie par une version rigoriste de l'islam, est l'un des pays les plus restrictifs au monde pour les femmes : elles n'ont pas le droit de conduire et doivent obtenir l'accord d'un homme - un tuteur - pour travailler ou voyager.

Pour aller voter samedi, de nombreuses femmes n'ont eu d'autre choix que d'être emmenées en voiture par un chauffeur ou un membre masculin de leur famille. La ségrégation des sexes était aussi de mise dans les bureaux de vote.

Un impact symbolique

Parmi les 6 440 candidats figuraient plus de 900 femmes qui ont dû surmonter de nombreux obstacles pour participer à ces élections. Par exemple, elles n'ont jamais pu rencontrer les électeurs de sexe masculin face-à-face.

L'impact de ces victoires est plus symboliques qu'effectif puisqu'avec 2 106 sièges à pourvoir dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seuls dans le royaume à inclure des représentants élus, ces 20 femmes représentent moins de 1 % des élus. Selon des chiffres officiels, près de 1,5 million de personnes âgées de 18 ans et plus étaient inscrites pour voter, dont environ 119 000 femmes.

"Nous avons besoin de plus" de femmes, a déclaré Aljazi al-Hossaini, qui a été battue à Diriyah, une localité à la périphérie de Riyad, selon la chaîne Al-Ekhbaria. Elle a souhaité que des femmes soient choisies parmi les personnes que doit désigner le ministère des Affaires municipales pour pourvoir un tiers des sièges.

Une bonne partie de la campagne s'est déroulée sur les réseaux sociaux, l'Arabie saoudite étant l'un des pays au monde où l'on compte le plus grand nombre d'utilisateurs par rapport à la population.

Le jour du scrutin, certaines femmes ont posté leur photo le visage découvert, alors que, dans les rues, elles étaient, en très grande majorité, voilées et vêtues de la traditionnelle abaya noire couvrant leur corps de la tête aux pieds

Le roi Abdallah, prédécesseur de l'actuel souverain Salmane, avait initié une ouverture en accordant en 2011 aux Saoudiennes le droit de vote et d'éligibilité.

Avec AFP