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Le Vatican a décidé de jouer un rôle actif à la COP21, dans la lignée des positions prises par le pape François. Le représentant de l'Église catholique à l'ONU explique à France 24 quelle influence le Saint-Siège peut avoir à Paris.

En juin 2015, le pape François avait lâché une bombe théologique sous la forme de la première encyclique reconnaissant l’urgence climatique, soulignant le rôle de l’Homme dans le réchauffement de la planète et appelant même les États à réduire leurs émissions de CO2. Le souverain pontife n’avait pas choisi 2015, année de la COP21, par hasard pour son texte baptisé Laudato Si, et avait souligné plusieurs fois l’importance qu’il accordait à la conférence parisienne sur le climat.

Le Saint-Siège a donc envoyé plusieurs représentants à Paris pour l’occasion. L’un d’entre eux, le nonce apostolique (nom donné aux ambassadeurs du Vatican) auprès de l’Onu et archevêque Bernardito Auza a accepté d’expliquer à France 24 quel rôle le Vatican veut jouer lors de ces négociations alors même que le Saint-Siège n’est pas signataire de la convention de l’UNFCCC, l’organe de l’Onu qui chapeaute ces conventions internationales.

France 24 : Qu’est-ce que le Vatican est venu faire à la COP21 ?
Bernardito Auza : Nous sommes venus insister sur l’importance de la solidarité entre tous pour s’attaquer aux changements climatiques et aussi de la justice climatique, c’est-à-dire le principe selon lequel chacun contribue selon ses moyens. Notre présence permet aussi de souligner à quel point la question climatique est devenue importante pour nous.

Mais nous voulons aussi agir concrètement. Le Vatican sert d’intermédiaire auprès de délégations d’États à forte population catholique. Nous avons eu plusieurs réunions bilatérales et j’ai discuté avec des représentants du groupe des États de l’Allliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA, un groupement de 11 pays dont la Bolivie, l’Équateur ou encore le Vénézuéla). Dans tous ces pays, l’encyclique Laudato Si a eu un fort retentissement et leurs délégations s’y réfèrent souvent lors des discussions.

F24 : Justice climatique, solidarité, est-ce que vous pensez que les brouillons d’accord et les négociations vont dans le sens de ce que le Vatican défend comme position ?
B.A. : Il faut déjà souligner que la notion de solidarité a disparu du texte d’accord. Ce qui ne veut pas dire que l’idée n’est pas présente à travers d’autres concepts comme les transferts de technologie. Mais il est vrai que nous aurions aimé que le terme subsiste.

Plusieurs concepts qui sont importants à nos yeux, comme les “pertes et dommages” (la reconnaissance de dégâts causés aux pays les plus vulnérables par la pollution, NDLR) sont nouveaux en matière climatique. Tout ce qui est nouveau rend les négociateurs nerveux : il leur faut peser les conséquences que peut avoir leur reconnaissance dans un accord global.

C’est pourquoi, sur ces questions, les discussions avancent plus lentement que certains pourraient l’espérer. Mais j’ai confiance qu’un accord puisse être trouvé car il y a une volonté universelle pour parvenir à un texte qui fasse consensus. Reste à savoir à quel point il sera ambitieux.

F24 : Le pape François a fait faire au Vatican un grand bond en avant sur les questions climatiques avec son encyclique. Est-ce que c’est suffisant ? Quelle est la suite pour le Saint-Siège ?
B.A.: Il faut d’abord que le message soit bien repercuté par la base, au niveau des églises et des populations et ça va déjà prendre du temps. Ensuite, le Saint Siège se penche sur la possibilité de signer la convention de l’UNFCCC (c’est-à-dire le texte permettant d’être partie prenante aux négociations, NDLR) dès l’année prochaine. Il est vrai que nous n’émettons pas de gaz à effet de serre, mais ce sera un geste important pour montrer l’exemple.