
Après l'écrasante victoire de l'opposition aux législatives, le président du Venezuela Nicolas Maduro a demandé mardi la démission du gouvernement. Il a appelé à la "restructuration" et à la "rénovation" du gouvernement national.
Le président du Venezuela Nicolas Maduro a demandé mardi 8 décembre la démission du gouvernement, deux jours après l'écrasante victoire de l'opposition aux législatives. "J'ai demandé au Conseil des ministres de présenter sa démission pour effectuer un processus de restructuration, de rénovation et de profonde relance de tout le gouvernement national", a déclaré le chef d’État, lors de son émission télévisée hebdomadaire.
"Voilà ce que je veux : un programme pour la nouvelle étape de la révolution, avec une correction profonde - un sursaut, bordel !", a lancé le chef de l'État, pour qui le score de l’opposition lors des législatives constitue un coup dur.
Réunie au sein de la coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD), l'opposition a obtenu le 6 décembre la majorité des deux tiers au Parlement, soit 112 sièges sur 167, a indiqué le Conseil national électoral (CNE), contre 55 sièges pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) de Nicolas Maduro.
L'opposition n'a jamais eu autant de pouvoir depuis 17 ans et l'arrivée de Hugo Chavez (1999-2013) au pouvoir, en 1999. L'Assemblée, au même titre que tous les organes de l'État, était jusqu'aux élections du 6 décembre dominée par le mouvement du président défunt.
Une opposition puissante
Cette victoire historique permet à l’opposition vénézuélienne d'exercer d'importantes prérogatives, voire de forcer un départ anticipé du chef de l'État. Grâce à la majorité des deux tiers, elle est notamment en mesure de convoquer un référendum ou de mettre en place une assemblée constituante. De plus, l'opposition "pourra reformuler la composition du Tribunal suprême, qui ces derniers temps a toujours pris des décisions favorables au gouvernement", explique Carlos Malamud, expert sur l'Amérique latine à l'institut Real Elcano de Madrid.
Avec une telle majorité, elle pourra également nommer les membres du CNE, approuver et modifier des lois organiques, soumettre à référendum des traités internationaux et des projets de loi, voter des projets de réforme constitutionnelle, voire entraîner, via une réduction de la durée de son mandat, le départ anticipé du président Nicolas Maduro.
Le secrétaire général de la MUD, Jesus Torrealba, a indiqué que les 112 députés se réuniraient jeudi pour évoquer leur rôle dans la future Assemblée, qui sera installée le 5 janvier.
Cette victoire, intervenue dans un contexte de mécontentement populaire face à la crise économique qui frappe ce pays pétrolier, constitue un coup dur pour le président Maduro, 53 ans, au pouvoir depuis 2013.
Nicolas Maduro en quête de "critiques et autocritiques constructives"
Nicolas Maduro, fragilisé, a pour sa part décidé d’organiser lui aussi une réunion jeudi, en convoquant son parti à une journée de consultations, dans l’espoir que des "critiques et autocritiques constructives" y soit formulées. Le président, dont le mandat court jusqu'en 2019, a précisé que ces consultations devraient aboutir à des stratégies en matière économique et politique, avec notamment des mesures contre le "bureaucratisme" et la "corruption".
Autre signe de nervosité de la part de Nicolas Maduro : il a promulgué un décret pour empêcher que les restes du président défunt Hugo Chavez ne soient "profanés". "Il faut penser à ce qui pourrait se passer si un jour l'idée vient à la nouvelle Assemblée nationale d'enlever le commandant Chavez de cette construction historique et d'essayer de profaner sa dépouille sacrée", a-t-il déclaré mardi lors de son allocution télévisée sur la chaîne gouvernementale VTV.
Avec AFP