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COP21 : la pollution à Pékin met-elle à mal les ambitions climatiques chinoises à Paris ?

L'alerte rouge déclenchée à Pékin à cause de la pollution a-t-elle des immplications sur l'objectif chinois d'atteindre son pic des émissions de CO2 en 2030 ? Il s'agit de deux choses différentes répond un spécialiste chinois de la question.

Face à la pollution à Pékin, les autorités chinoises ont dégainé l'alerte route pour la première fois. Dans la foulée, la capitale chinoise a mis en œuvre, mardi 8 décembre, l’application d’une série de restrictions telles que la fermeture des écoles, l’interruption des chantiers en extérieur, ou encore la circulation alternée.

Le nuage de pollution qui obstrue l’horizon pékinois est depuis plusieurs années un fléau pour la santé des 21 millions de personnes qui habitent la capitale et illustre le statut de plus grand pollueur au monde. Le niveau d’alerte qui vient d’être déclenché constitue en outre une piqure de rappel pour la délégation chinoise présente à Paris à l’occasion de la COP21. Les ambitions climatiques de la première puissance économique asiatique sont-elles suffisantes pour le bien-être de sa population ?

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COP21 : la pollution à Pékin met-elle à mal les ambitions climatiques chinoises à Paris ?

La révolution 2030

"Les problèmes à Pékin sont importants mais le reste du pays doit se développer économiquement, ce qui se traduit par une hausse des émissions de carbone”, résume à France 24 Zhiyao Tang, professeur associé en écologie à l’université de Pékin. Ce scientifique n’appartient pas à la délégation chinoise, mais il est l’un des spécialistes du calendrier chinois des émissions de carbone. Et c'est là l’un des points centraux des engagements chinois pris en amont de la COP21. Pékin avait en effet fait sensation en 2014 en annonçant que le pays atteindrait son pic d’émissions de carbone en 2030, année où la Chine stabiliserait ses émissions de carbone. Le pays, plus gros émetteur de CO2 au monde, ne s’était jamais auparavant engagé sur une date précise en la matière.

Zhiyao Tang est-il pour quelque chose dans ce cap climatique ? Pas directement. “Le groupe avec lequel je travaille sur cette question est indépendant, mais le gouvernement est conscient de nos travaux en la matière depuis plusieurs années”, raconte-t-il. Il ne pourrait cependant pas dire dans quelles mesures les autorités se sont inspirées des travaux de son groupe de scientifiques pour estimer que les émissions chinoises atteindront leur plus haut niveau en 2030.

2030 ou 2023 ?

Lui même a commencé à s’intéresser dès 2009 à cette affaire de pic des émissions, dans la foulée de la conférence sur le climat de Copenhague. Depuis lors, son groupe de travail scientifique a étudié six scénarios, regroupés dans une étude parue en novembre 2015. Dans l’ensemble, “l’objectif que se sont fixées les autorités est réaliste”, assure Zhiyao Tang.

En fait, les hypothèses étudiées par Zhiyao Tang et ses collègues chinois tendent même à prouver que “si la Chine reçoit une aide financière et technologique de la part des pays développés, le pic des émissions pourraient être atteint avant 2030”, assure ce chercheur de l’université de Pékin. Il pourrait l’être dès 2023 ou 2026 dans certains scénarios. Une manière pour ses scientifiques de dire que si les autres pays ne sont pas contents de l’objectif officiel de Pékin, ils n’ont qu’à mettre de l’argent sur la table pour accélerer la transformation énergétique.

Mais l’horizon 2030 (ou 2023 et 2026) n’est qu’une partie de l’histoire. Les émissions de carbone ne vont pas commencer à décroître dès 2031, reconnaît Zhiyao Tang. En fait, il assure qu’elles vont ensuite “être stables pendant plusieurs années avant de baisser”.