Le ministre d’État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a indiqué que son pays était prêt à envoyer des troupes au sol pour combattre le terrorisme, dans une allusion à peine voilée à l’organisation de l’État islamique.
Après le Yémen, la Syrie? Les Émirats arabes unis, piliers de la coalition arabe qui intervient depuis fin mars au Yémen, ont implicitement indiqué, par la voix de leur ministre d’État aux Affaires étrangères Anwar Gargash, être prêts à envoyer des troupes au sol contre l’organisation de l’État islamique (EI).
S’exprimant le 29 novembre devant des dizaines de journalistes de son pays, le chef de la diplomatie émiratie a en effet affirmé que son pays était "prêt à participer à tout effort international nécessitant une intervention terrestre pour combattre le terrorisme". Et ce, dans allusion à peine voilée à l’EI, selon des propos rapportés par l'agence officielle Wam, qui relatait une discussion entre ce haut responsable et des journalistes sur la situation dans la région et en Syrie.
"Supporter une part du fardeau"
"Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n'y a pas lieu d'avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït", a ajouté le ministre émirati, en référence à la coalition internationale qui, sous la conduite de Washington, avait libéré le Koweït en février 1991, après sept mois d'occupation irakienne décidée par le régime de Saddam Hussein.
Les Émirats figurent parmi les premiers pays en septembre 2014 à participer à la campagne internationale de raids aériens, pilotée par Washington, contre l'EI en Syrie et en Irak. Toujours est-il qu’il n’est pour l’instant pas question d’une opération internationale au sol contre les jihadistes de l’EI, puisqu’aucune autre puissance, arabe ou occidentale, s’est dite prête à envoyer des troupes en Syrie. Anwar Gargash a même précisé que la solution à la crise en Syrie ne peut être que d’ordre politique. Il a cependant expliqué qu’il était certain qu’une intervention militaire au sol était imminente, "qu’elle soit menée par la Russie ou par une autre partie".
Une brigade "latino-américaine" contre l’EI ?
La sortie du ministre d’État aux Affaires étrangères intervient quelques jours après la révélation par le "New York Times" du déploiement par les Émirats arabes unis de 450 mercenaires latinos-américains au Yémen pour participer aux combats contre la rébellion chiite. Selon le quotidien américain, les Émiratis disposent d’une brigade de 1 800 mercenaires qu’ils ont secrètement mis sur pied il y a cinq ans. Reste à savoir si c’est à ces hommes que le ministre faisait allusion concernant une intervention terrestre contre l’EI.
Dans un courrier adressé à la rédaction de France 24 le 2 décembre, Son Excellence Maadhad Hareb Al Khyeli, ambassadeur des Émirats arabes unis en France, a démenti cette affirmation. Reprenant les propos du ministre des Affaires étrangères lors de sa conférence de presse du 29 novembre, il affirme qu’"il n’y a pas de soldat non arabe en situation de combat au Yémen".
"Le recours aux mercenaires est une excellente option pour des pays riches qui veulent faire la guerre mais dont les citoyens n’ont pas envie de combattre", a expliqué au "New York Times" Sean McFate chercheur au sein du think tank américain Atlantic Council. Jusqu’ici les Émirats arabes unis ont perdu plus d’une soixantaine de soldats de leur armée régulière au Yémen, sachant qu’il s’agit du premier conflit à l'étranger auquel des troupes au sol émiraties participent.
Dimanche, deux sénateurs américains ont plaidé pour l'envoi de 100 000 soldats étrangers, en majorité de pays sunnites mais aussi Américains, pour combattre l'EI en Syrie. "Il faudrait 100 000 soldats au total" pour combattre l'EI, a déclaré à des journalistes le républicain John McCain, lors d'une visite à Bagdad. Interrogé mi-novembre par France 24, l’ancien candidat à la présidentielle de 2008 avait évoqué des troupes composées de "10 000 Américains, avec une coalition de pays arabes, peut-être aussi avec des pays de l’Otan et même la France".
Avec AFP