Quelque 32 actes antimusulmans, dont trois agressions de femmes voilées, ont été dénombrés depuis les attentats de Paris, selon le CFCM. L'organisme craint une multiplication des violences contre les musulmans et appelle au calme.
Trente-deux actes antimusulmans, dont deux agressions de femmes voilées, ont été enregistrés depuis les attentats jihadistes du 13 novembre, d’après Abdallah Zekri président de l'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) joint par France 24 vendredi 20 novembre.
Ces chiffres sont basés sur les plaintes et mains courantes déposées auprès des services de police ou de gendarmerie, et comptabilisées par le ministère de l'Intérieur. Ils regroupent des "actions" (dégradations de mosquées, violences physiques...) et autres "menaces" (lettres haineuses, insultes…).
"Nous n'en sommes heureusement pas au stade de janvier [où une cinquantaine d'actes antimusulmans avaient été déplorés dans les cinq jours qui avaient suivi l'attentat contre "Charlie Hebdo", NDLR] ", a déclaré à l’AFP ce responsable, par ailleurs secrétaire général du CFCM. "Le chiffre est moindre", mais il craint qu'il n'augmente, ajoutait-il auprès de France 24. De 24 (6 actions et 18 menaces), jeudi matin, le nombre d’actes islamophobes est passé en une journée à 32 avec huit nouvelles actions (soit 14 au total) comptabilisées par le ministère de l'Intérieur ce vendredi 20 novembre.
Trois femmes voilées agressées
Parmi les actions enregistrées, figurent des dégradations de lieux de culte par des inscriptions haineuses sur une mosquée à Créteil (Val-de-Marne), une salle de prière et une boucherie hallal à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) et une mosquée à Pontarlier (Doubs), mais aussi l'agression de trois femmes portant un foulard islamique, l'une à Marseille, l'autre à Toulouse, et la troisième à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) selon Abdallah Zekri.
D’après le responsable de l'Observatoire national contre l'islamophobie, cette femme qui portait un hijab (un voile laissant apparaître le visage), a été verbalement menacée de mort par un jeune homme à Brie-Comte-Robert, alors qu’elle se promenait avec un enfant dans une poussette. Dans la même ville, plusieurs voitures appartenant à des habitants considérés comme musulmans ont été incendiés, d’après M.Zekri.
Mardi soir, c’est une autre femme voilée qui avait été agressée à la sortie d'une bouche de métro dans le centre de Marseille par un homme lui reprochant, selon ses déclarations, d'être une terroriste. L'agresseur, âgé d'une vingtaine d'années, aurait fait référence aux signes religieux de la jeune femme, avant de lui asséner un coup de poing et de la blesser légèrement au thorax avec un objet pouvant être un cutter. Les enquêteurs de la sûreté départementale, à qui l’enquête a été confiée, mettent "tout en œuvre" pour identifier et interpeller les auteurs de ces faits, a indiqué la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) à l'AFP. Des images de vidéosurveillance pourraient notamment être exploitées, a souligné le maire Les Républicains de Marseille, Jean-Claude Gaudin.
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"Continuer à construire le vivre-ensemble au lieu de chercher à diviser"
"Leur état n'inspire heureusement pas d'inquiétude, elles ont pu retourner chez elles après avoir reçu les premiers soins", a précisé M. Zekri à propos des femmes agressées à Marseille et à Toulouse. Il a par ailleurs expliqué qu’un sentiment de "peur" s’installait chez "beaucoup de parents qui demandent instamment à leurs filles d'enlever leur voile pour rester anonymes dans la foule".
"Le CFCM dit aux Français de ne pas s’affoler. Tous les Français ne sont pas antimusulmans, islamophobes, extrémistes ou membres de groupes identitaires, même si certains politiques ont contribué par des déclarations inappropriées à nourrir ce discours. Il faut au contraire continuer à construire le vivre-ensemble au lieu de chercher à diviser" a déclaré à France 24 le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie du CFCM.
"Nous, musulmans, sommes entièrement dans la communauté nationale, nous souffrons au même titre que chacun de nos concitoyens depuis vendredi", a rappelé le responsable du CFCM. "Je condamne ces apprentis nazis qui profitent de ces attentats pour s'en prendre à des lieux de culte et à des femmes : c'est une autre lâcheté, certes pas aussi forte que celle de ceux qui ont commis un carnage le 13 novembre", a-t-il confié à l’AFP.
Il faut être impitoyable face aux agressions de juifs ou de musulmans, avait affirmé de son côté le président français François Hollande dès jeudi. "Nous n'autoriserons rien qui puisse laisser penser qu'il y aura un seul individu, un seul citoyen dans notre pays, qui puisse être agressé parce qu'il aurait une confession", avait-t-il ajouté lors d’un discours devant la Fondation Chirac.
Avec AFP